je restais assise sur ce banc
vide vide
douloureusement vide
un songe évidé
un os creusé
une fuite
ni heure ni clocher
qu'attends tu pour rentrer
je n'attends personne
je suis vide
ne venez pas vous asseoir à mes côtés
ne venez pas vous asseoir
je m'ennuie
vide vide
est ce la vie est ce la mort
est ce l'amour
qu'as tu fait aujourd'hui
je n'ai rien fait.
j'ai pleuré j'ai prié j'ai souri
j'ai parlé au vide dans le vide
j'ai caressé le bras d'une vieille femme qui allait à la mort
je lui ai caressé les cheveux
à qui parlais tu
je ne sais pas
à personne
il n'y a personne.
j'ai creusé la face du vieux philosophe
il n' y a personne
pas même un reste d'os,
des orbites creuses de mots morts.
Un vieux grime sa face et trempe ses mots dans un pot de miel,
les lettres dégoulinent
et ses lèvres , des babines poisseuses le suivent et coulent sur son livre,
il braille de longs couplets de jambes coupées.
La vieille femme a dérivé
au soleil couchant
je dérive avec elle.
Nous sommes en haute mer,
les canons se sont tus
le ciel et les oiseaux ont cardé les voiles de sel
nos bouches se sont fermées
nous respirons le bois des arbres.
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