Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

jeudi 10 janvier 2013

Telle cette nuit

ce flottement dans le temps
ce petit fauteuil  de pierres
je m'étais adossée ,
cette masse noire de mer
le mur silencieux des tombes,
entends la nuit marcher au coeur 
son pas ,
les blocs de glaces s'entrechoquent se soulèvent se brisent
pointent des gemmes étranges, des cristaux de moraines,
l'océan craque grogne et gronde
incessant charroi de carillons argentés
dragon fantastique émergeant de la fosse sombre
haute silhouette impassible et son cortège ruisselant d'ailes ciselées au diamant ,
quelque chose de rouge vivant dans la lune
elle joue du couteau
 folles herbes de cristal  grandes fougères dorsales  et cailloux ras
pourpoints d'écailles de rubis ,   sostenuto ,
pas un arbre ,
ma toute pleine noire
de toi , de moi et de chants de trépas ,
une remontée de temps ,ventricule d'encre ,
mémoire que chaque mot trahit
que chaque chant laisse venir monter
une étoile est tombée  loin de tout emprisonnement
de toute appropriation ,
que chaque mot brûle pour laisser place
que chaque face grimaçante extermine
que chaque noir du dessus où transpirent
chaque couleur chaque forme aux douceurs
imbibant  mon coeur en dessous

merveilleux nageur solitaire dans le crâne
insolites vols   glissements de peaux
je me laissais partir
fins tissus de baille
doux creux de faille
un intervalle d'étoiles nous nous sommes coulés
alors ma main sur l'eau
une courbe
un névé
un caillou
je me suis allongée
une barque d'aube lumineuse
un miroir de nuages aux soyeux taffetas ,
plaine maritime  , de grands bouquets d'oeillets suspendus aux gorges désolées des moraines,
j'ai entendu la mer ,
la déchirure du grand matin prend silence dans le vol d'oiseaux
l'écorchure du visible,
tout prend  silence ,
cela s'écrit  , un temps ,
la lumière hivernale  joue sur ce qui s'est écrit  , elle se  joue de la nuit ,  je joue avec elle et les mots jouent aussi   , cascade sur l'eau , louvoie  , longe les fenêtres , au vent aigu  réveille et ensanglante  les toits ,
vive dans le cours d'une chair d'un  poisson d'argent  elle entraîne le perçant d'un sillon ,  des nids de pierre  où elle s'ébat dans un éclat de  bleu colbat , éclaire la  bande étroite de gros galets bruns le long du mourant  des flots ,   assombrit la veine d'une colline dans son bandeau de terre basanée , un jeu de rayons , un jeu d'écume sur un cou , une joue , un bras sur une table , une fenêtre,  elle est partie dans son avalanche d'heures , blondit le vieux  ponton  brûlé , bleuit les noirs , empourpre les gris , ocre les verts ,  déguste les grelots de gel , pique les petits pieds d'oiseaux solitaires de paillettes cuivrées  , chatoie les glacis aux vertes tiges dans le ventre de l'iceberg ,  lèche superpose se  lève et se couche , glisse sur  les points de clarté et d' obscur pour une neige de glace de mousse et de crème , un satin sur la jambe d'un chemin ,  vole un éclair de son oeil ,   déguste  une déflagration de couleurs ,  un bouquet d'oeillets , ce que je n'attendais pas est là .
Un seul petit souffle dans la main  , cela disparaît, cela revient par touches  légères , un éventail qui s'ouvre au bord d'un visage ,  paresse sur la tourbe au détour d'un nuage , l'océan un vase opaline de glaçons où s'écrit et se peint une phrase de fin , un flocon vient s'ouvrir et se mêler de gris sur la table .
Je me réveille et je t'écris un poème ,  la première fois lorsque tu t''éveilles , j'ai senti le sommeil sur ta bouche saillir dans la clarté , et le vent  chaud  sur les herbes onduler par  la fenêtre, un nuage était là