Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

vendredi 19 juin 2015


Je sais qu'elle est là
le son est absent
je n'entends ,
je sens ,


C'était tout blanc
blanc
tout blanc de neige
c'était la neige ,

c'était  tout gris
gris
tout gris de bavures et d'ornières
c'était le gris ,

c'était tout pluie
palpite
tout palpite de pluie ,
c'était la pluie ,

petites perles de colliers carillonnent
sur la gorge ouverte des chemisiers d'herbes ,
c'était les beiges les jaunes les verts ,
c'était le printemps à la va -vite de la linotte rouge
le coffre ventru des rainettes
les œufs mimosas des oiseaux
les clartés tremblantes des reines des prés ,



c'était tout vent ,
vent
tout vent de mer
c'était la mer ,

tout océan , tout vert ,
blanc cracheur d'écume , gris pluie les beiges les jaunes les clairs ,
les bleus des ornières , les noires baleines de pierre , de chair ,
les serpents bruns de soleil , les peaux roses du ciel ,
se sont ouvertes les ramagées d'alouette
au soleil mordoré à mi-voix les fredonnant  tendrement ,
les odeurs touchent terre à vent d'abeilles de suie noire et d'or ,

tout océan
poissonneux d'argent dans les trouées de nacre du soleil ,
tout océan gonflé de bonté et de colère

jeudi 18 juin 2015





 Je le distingue au loin quelquefois , une fuite de nuages à l'horizon mon pas semblant s'éloigner de lui , au détour du chemin il parait plus proche, niché entre deux seins de dune, mon pas est calme je le laisse prendre possession de moi , il marche en moi , et je vais vers lui , je lui parlais , je lui parle  mon pas en lui , c'est moi, je suis là , je suis venue , je suis revenue.
Et là à l'immensité du monde , d'une patience éternelle, nous nous sommes traversés, nous regardons enfin.
L'océan est vague
il sue et fatigue ses gris
la bruine est diaphane
un oiseau danse dans le vent
l'oubli du temps des minutes et des heures ,
jusqu'à la fin ,
le vent de serpentins dans mes cheveux se perd ,
l'oiseau vague s'étend et Mozart  traverse l'âme

mercredi 17 juin 2015



La limace orange s'est pris les sinueuses salives
dans les yeux mauves des fougères ,
une famille de chenilles baguenaude sur les  cumuloninbus du pré ,
c'est le jardin où l'ennui goûte l'après midi
d'un doigt de livre ouvert
sous l'ombre de l'arbre qui monte la lumière
jusqu'à la houle du ciel




Quartier désert
où se perdent les pas,
le long du fleuve serpente
le quartier de lune
qui  pêche et braconne en douce
au fil de l'eau,
fil de plomb,
fil du rasoir,
fil de soleil,
quartier d'orange la table oubliée
quartier de ciel tendre
sur le carré de la cour grise,
quartier désert
quartier de mer pêcheur d'écume
quartier libre qui  laisse sur un fil,
Paris est vide .


Sur la pointe des pieds un arbre
le mieux est de ne pas élever la voix
Paris est vide,
des robes dans les vitrines
peau de solitude
la nuit  passe entre deux fuites de nuages

mardi 16 juin 2015



Un arbre au milieu du fleuve , c'est la maison ,
un frottement d'épis de blé dans les mains , c'est la maison ,
un chapeau sous le soleil
la sueur et la pluie ,
une mer de hautes herbes
terre et pierres ,
c'est la maison là , d'ailleurs , et jamais ,
au loin les collines bleues tournent leur visage à la nuit ,
tout noircit des respirations du vent ,
abandonner les mots , férocement , c'est la maison ,
la chair la morsure  le silence
à la porte des sables et de l'océan saillant
à la portée de la main qui songe ,
et que la main se pose ,
la maison  là où il n'y en a pas ,
là , d'ailleurs et jamais ,
à la portée de la main qui songe