Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

samedi 11 juin 2011

Piano

Une ombre intrigante derrière moi,
je me retourne elle n'est plus là
le soleil s'amuse l'ombre danse
l'ombre grandit , elle disparaît dans la foule,
aucune complaisance avec moi
je m'écrase
deux bottes jaunes dans un cendrier
je me cherche dans la rue
je suis derrière
mon ombre est derrière
je me retourne elle n'est plus là,
le jour où elle sera devant , je ne serais plus là
ce sera le matin , la fenêtre grande ouverte
la nuit sur la balustrade.

Où ai-je vu la nuit
où ai-je vu le jour
des poissons à tête de chats
deux géantes mains  claquent mes oreilles
une cascade de rires  s'en échappe,
le chat bavard .

Voyage , les chats sont bavards , dans le silence quelques bavards pensent , quelques vagabonds hagards passent avec le vent ,des pieds de pelote brossent de pompons les toits fragiles et éphémères, des nuits de laine et plumes de paon, des petites filles de lianes soufflent sur les roses du soir , une iris de ma bouche file avec les dragons nocturnes et patients , l'oiseau facétieux s'amuse  ,  mon coeur est rempli de reconnaissance , je souris à l'infortune avec ardeur , je pars chercher le chant au fond de ma gorge avec lenteur , j'accroche mes mains au trapèze du funambule , et bien seule , trouver l'innocence de la vie si jolie, dormir sur un fil , trouver le sommeil et l'innocence de la vie si jolie .Le soir défile sa robe prune, la nuit le déshabille dans les méandres des yeux du poisson chat qui file.
Sur ma joue la tache rouge de l'aube souffle la pluie sur les touches blanches de la mer.
Dans les méandres l'océan monte ses feux follets aux villes étrangères ,  trouver l'innocence de la vie si jolie,  incertaine, dangereuse , puissante , perdre le sommeil sur une chaise,  perdre le toit les tuiles les seuils , l'innocence de la vie si belle .
Hurlez chats huant , crachez ces bras, ces baisers, crachez ces vérités, ces mains organisées! Nous mourrons bientôt et nous sommes vivant, la chair des oiseaux pétrie de farine de fleurs , la fragilité du désir poussée en terre, égrène les blés virides sur les doux tapis de neige , assis chaudement des enfants de pèlerine blanche.
Les fleurs s'enracinent.

Cavalière de poussière, cernes bleues de la mémoire, écuyère de fourmi, sofa jungle des yeux de chat, pourpre amère digitale, plus jamais ne rien savoir , respirer les ombres gouaches, cendres d'or des cortèges noirs de nuages, ce rien d'éphémère au plus près de ma joue qui frémit de rire et de peine, robe de rire, foulée de sable, visage roulant d'herbes et de rivières, voix de percaline flottant sur la mer aux ricochets du vent,chantant d'aubes mortelles plein son ventre marinière, lierre de roseaux les chats nagent sur la dune, poissons d'azur les ouïes rouges  ourlent les nuages.
Plus jamais ne savoir, ne rien savoir, les fleurs de l'aube se perchent sur les murs de pierre des cités fluides, les oiseaux marchent, l'océan monte sur les murailles des vieux arbres engloutir les palais d'usnées aux crânes des pendus, l'océan monte ses feux-follets.

Dimanche en Sicile , en silence .
C'est dimanche et je dors ,petit sommeil d'or
c'est dimanche je me lève ,
sous ma peau , le chemin de la fièvre,
c'est dimanche à midi ,
et j'ai faim , petit morceau de pain ,
c'est dimanche , et je vais
vers la mer de mai ,
c'est dimanche , elle est liane et pierre ,
je la regarde ,
sculpter ces poissons de marbre ,
c'est dimanche et je rêve ,
sur le sable , et sans bruit , l'après midi,
c'est encore son ventre plein
qui réclame le mien ,
je reviens , le vent dans les mains ,
c'est dimanche et le soir
à l'encre noire du ressac , va boire
la gorgée mystérieuse de la nuit,
c'est dimanche à minuit ,
je m'endors , petit serpent de mort ,
c'est lundi ,
c'est encore la nuit
et l'ange volubile , luit .

La fenêtre grande ouverte ,
qui donc parle ,
l'insondable mystère de la mort , la vie ,
toute chose de la vie
la nuit sur la balustrade

Madeleine Peyroux / the summer wind /

lundi 6 juin 2011

  Il avait toujours plu
 comme si nous ne l'avions pas su
  pas vu ,
nous roulons sous l'averse émondant les bouleaux
le chemin de terre écale ses parfums froissés de feuilles ,
le battement monotone des essuies glaces
nous ne nous sommes rien dit d'autre
nous n'avions rien fait d'autre que rouler sous les nuées,
la peur était partie comme elle était venue
sur la pointe des pieds,
derrière le rideau  des arbres
le paysage a disparu,
la pluie ne danse plus
elle ruisselle
nous sommes heureux ,
il avait toujours plu
un pan entier de bourrasque
les heures crissent sur les graviers des rivières,
l'odeur du coucher de soleil.


F

Ahmad Jamal / Poinciana /

Michel Portal / Citrus Juice /





Brillant citron

Trio Rosenberg / nuages /