Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

samedi 6 novembre 2010

Une nuit

tant de pluie
tant de pluie
 c'était l'eau qui arrivait
 la ville qui partait
réveille toi nous sommes arrivés
endors toi nous sommes partis
sur la banquette
froissés des chiffons sous la tête
couteaux de pluie voyageant au pays inconnu
les torrentielles
le train tanguait entre vallées montagnes et forêt de sapins d'ébène,
monstre crachant des cavernes de fumées,
dans ma bouche le goût fade et tiède du sang.
Réveille toi nous sommes arrivés,
c'est ici que tu habites maintenant
c'est ici que je m'habite
chaque jour le grand corbeau en robe
passant dans la cour perdra une plume,
chaque jour
je ne la ramasserais pas,
chaque jour le toit grand ouvert
chaque jour
une plume s'envolera.




Lune noire les cornettes alignées au parloir,
lune rousse l'automne où les aimés sont des ombres de papier
la plume crisse les contours immobiles,
lune rouge coupés les cheveux sous le soleil de juillet
gros ciseaux grattant le crâne
les mèches du foin séché au vent,
lune blanche les combes envolée d'oiseaux givrés
lune bleue la nuit sur le toit
une prairie où dorment les loups phosphorescents
couchés des croissants d'herbe
l'un souffle des boucles d'air à mon cou apaisé.
Je cherche le lieu en moi
déclos de la nuit
déparé de l'aube et du crépuscule
désentravé
entre moi et la phrase
entre moi et moi il y a autre chose,
entre moi et la phrase
il y a autre chose
le lieu l'amour d'où elle surgit
qui me laisse dépourvue de mots.
Ces avalanches  de collines
des seins de phrases
des dunes de sable
fines des étoffes intraduisibles
des sables des écorces
paginent ourlent chavirent 
des colliers d'or.

Se maudire
se repentir
se déclarer captive, rebelle, enfant ,
morte , vivante, belle, laide,
se déclarer bêlant, mordant, brillant,
se déclarer,
un plat froid de lentilles où la trieuse trayeuse
du comité rédactionnel, conjuration des imbéciles, palabre.


Il n'est plus temps,
je m'incline devant lui
et je souris.

Il n'est plus temps
là où je suis
qui que je sois
je souris et je m'incline devant le temps.
Il n'est plus temps.
je souris.
Indépendamment de ce qui arrive, n'arrive pas, c'est l'attente qui est magnifique.

A . Breton

mercredi 3 novembre 2010

dimanche 31 octobre 2010

Du cri
la joie rage en moi
la rabbia de la peine
un pazzo gridar
la hurlante des vagues renverse le langage
la pluie
la pluie un rideau de pluie crépite doucement.




John Williams / Sueno en la floresta / Agustin Barrios Mangore

Le seul drame serait d'avoir  DE l'ambition,
je n'en ai pas ,
j'en ai eu, quelques temps de doute avec quelques petites proximités ambitieuses.

Les affres de l'amour propre
l'amour  "  propre  "
la mort  "  propre "
les simulations
du " cela existe "
du  " cela n'existe pas "
le nivelé par le bas en quelque sorte d'exécration.
Ils ne  plongeront pas les mains dedans
pas les mains dans le temps ,
ce " cela  "est bien égal , ni chaud, ni froid,
ce cela est tiède
et tiède est marchand de peur
marchand d'amour
simulation plagiaire
ainsi ils construiront leur maison en marchandant l'amour
quelques vues nettes et propres.

Cela est
je rêve amour
je rêve mon amour
la belle  proie conquise
l'inimaginable rêve
l'inimaginable Venise
 les phrases parlent à leur guise
elles coulent des rivières  de sons et de couleurs
des soleils et des lunes
des aubes et des crépuscules
au désert les masques liquides
chair de dunes d'éclipse en éclipse
pivoine hors des murs,
flammes légères marchant sur le ciel.

Le seul drame  est la peur et les peurs
qu'ils vous refilent
refileurs renifleurs,
jeune nous ne pensons jamais mourir,
jeune nous pensons la mort,
nous ne parlons que de la mort des autres ,
nous n'en parlons pas, jamais,
c'est interdit ,
nous pensons aimer,
nous pensons l'amour ,
tout net ils me feront taire,
aimer c'est interdit,
la mort c'est interdit,
et quand l'heure arrive proche
je n'y pense plus
je n'y pense pas,
la mort ne se pense pas,
l'amour ne se pense pas,
ils se dégoupillent l'un l'autre
de l'été à l'hiver
de l'automne au printemps.
Je partirais,
je pars,
mon amour l'un l'autre dégoupillés, fleurs de grenaille,
flammes légères mon amour, nous rêvons,
eux ils vous parleront de la vôtre
mais c'est de la leur dont ils ont peur
c'est de la leur dont ils parlent,
ne cherchez pas les morts des autres
les morts appartiennent aux morts proches,
cherchez les vôtres
les peurs de la mort
cherchez vos morts, non ceux des autres
ils ne vous diront rien,
ne vous emparez pas de la mort
emportez la , une grenade dégoupillée dans votre coeur.

Seras - tu  là Louise
y serais - je aussi
tombées dans les fossés de fleurs
bercées par la pluie,
serons nous mortes ou pas,
peu importe.
Je m'enfuis tout à me dire
rêve mon amour
rêve encore
dans le grand chagrin
la troublante immobilité de la vie
rêve encore
du chant incertain
nos fleurs de pépins dans la grande faille
rêve encore dans le grand fleuve
de boue et de fleurs.
Convoquée par l'insomnie
Venise en voyage liquide
les arcs des phrases fleurs digitales
je les entends passer
elles chantent
desquamant leur gorges d'aubes en lambeaux de chair,
 je les entends s'ouvrir les veines pluies d'oiseaux irréductibles
un bout de terre dans la bouche
de l'eau sous les ongles,
palette de l'amour,
bel amour d'hiver
flocon sur la braise,
la neige charme  les saisons
le désert avance sous mon front plissé de larmes.