Le train,
la nuit remue ,
des jambes et des mains qui se cherchent entre les cages bondées de poules jetées pêle mêle à même le sol,
des sueurs d'ail et d'aigres,
le train pachyderme , grands flancs de ferraille tremblent et s'arrêtent ,
sur la banquette
un vieil homme ouvre la bouche et taquine sa dernière ratiche,
il la fait tourner avec son doigt , prête à tomber,
dehors rase campagne , le train est immobile ,
il se rendort à moitié
tête en arrière, le cou confit hérissé de quelques touffes de gris
et reprend le branle du chicot avec la langue qui agace,
branle dont la conviction est faite ,
le train recule , des à coups de muscles rouages tressaillent ,
l'arrière train ouvre ses mâchoires
l'homme tombe la tête entre ses genoux,
il s'est mis au pas, la tête entre ses genoux , il pleure ,
il est tranquille c'est jour de marché , un poulet d'époque , bercé par l'époque,
il se vendra à prix d'époque , tout petit qu'il dira,
c'est jour de marché.