Des étoupes en bouquets la bacôve se fraie un passage dans les brumes du marais
le crapaud creuse et gonfle son coffre grave
il chante a capella sous la voûte du saule pleurant ses cheveux jaunes
il tape la terre talons pieds pointes ,
un canard s'essouffle sur la rive ,
couché dédale sinueux où les roseaux pêchent la saillie du soleil graciles sanguines d'eau,
houles de roselières valse verte
des viviers de flûtes d'insectes
des bois noyés
les buissons épineux baies aux cils pruinés de feu
les arbres dragons géants sommeilleux
des damiers de prés amortis de tourbe et de mousses charnues
des boucles d'épis argentés,
des rubans, des fils de graines
des triangles de pourpier
des aiguilles de libellule piquent l'onde endormie dans son long col d'aube
une douce amertume de sel et de résine vient bercer ma tête
la mer talons pieds pointes frappe la terre
un ciel chancelant une barque abandonnée
un dé de miel sur la feuille d'embruns ,
la matinée était déjà haute en lumière , sans me presser, dans la rue longue un enfant chante dans le berceau d'un rêve , il remonte la rue où la ville a disparu