Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

samedi 12 février 2011

Le nuage a le goût gris du biset sur la poitrine
un flocon de roche
l'ardoise et la braise de l'oranger
la forme du voyage,
le petit merle noir est revenu devant ma fenêtre
ses yeux boutons de manchette me font rire
fragile un baiser qui tourne la tête de tous côtés
il s'envole dans la poitrine du baiser,
un trèfle

vendredi 11 février 2011

Un soir près de la rivière je suis tombée de mon hamac
 les livres sont tombés à l'eau
je n'ai pas tenté de les sécher sur un fil de brise,
ils ont vogué ,
moi, sur l'onde
toutes lettres poissons, oiseaux à l'envers,
au fil de l'eau , le moulin de l'aube au crépuscule
et la nuit  ,
ronde , diagonale, triangulaire au souffle de paix
de mon hamac au bord de la rivière
je suis tombée dans le printemps
la tulipe a le pied du tuba
bronze de la nuit
la chair de la clarinette
et l'odeur entêtante du colza
avant de le voir
mon hamac un lit de poisson
entre les chaussées de la rivière
le saut d'un ricochet
l'éclair d'un son illuminé au calice du goût
il fait beau comme jamais
ma douce mon enfant
sur les époules du printemps


Je suis l'eau
et je prends tes yeux
au fond de la rivière
sur une pierre

Je suis le burin
et je taille tes peines
à petits coups marteau patient
sur le dos de tes mains

Je suis l'herbe
et je mêle ton chant
ondulant à mon galop courbe
à travers la plaine, âmes flancs des étamines

Je suis le temps
qui frappe ta poitrine
étrange instant des réveils
où le mur tremble
où les objets s'animent de lumière
où le chat sorgue assis sur le toit
de borgnon qu'il est, étire deux paupières, liquides pers
et conciliabule avec la cité au soleil, des géants allongés là,
mains de glaise et de marbre où chantent les lierres,
mystérieux instant où le point s'ouvre
et délie le soleil et la lune en ficelles nègres
peignes d'ivoire aux gibernes de clavecin
beauté et effroi des réveils où je me ploie sur ces cordes de vie,
la Seine une empoignade de tourbe,le pont a bougé,
les cygnes nagent tout autour de nos chevilles
l'océan qui baigne ma tête.

jeudi 10 février 2011

L'embarcadère gratte sa peau à l'aube aux yeux cobalt
persane touffue et dense s'éveillant,
j'ai raté le bateau.
Je le regarde gonfler son nez au vent
j'entends glapir les oiseaux
cette odeur de craie qui crisse sur les dents,
l'éclat du sel sous la paupière ,
une échancrure  la vague venir,
mon coeur battre rond comme un tambour
le ressac où naissent les désirs violents
et la mort dans un grand sac d'écume
les maritimes chantent le haut jour
les voiles un feu baigné d'azur
j'ai raté le bateau

Mozart concerto 20 in d, K.466 - 2. Romance / Friedrich Gulda /

lundi 7 février 2011

Quelques années d'ici , je dînais avec un ami , la conversation roulait sur sa famille, plus précisément sur ses parents morts récemment, , et toi , me dit il , les tiens , parle moi un peu de toi, de ta mère .
Je m 'entendis répondre:
 - Je ne connais pas la date de sa mort, je ne la connais pas, mais elle est née le premier jour de l'été , je ne connais que sa date de naissance-
Il a baissé les yeux, c'était un homme intelligent , on ne meurt pas deux fois.

dimanche 6 février 2011

Pâle
du bois sec
sortie  d'un silence
un silence de soleil
sur le champ à humer l'air
un chariot passe,
le vin et l'arbre qui chante doucement
un chat saute souple et s'avance lentement
libre  se frotte tout contre moi ,
il sent le fruit sauvage et les abeilles
Il sent bon le poil emmêlé de résine ,
les barriques sur le chariot bringueballent ,
au bout de la ligne de vigne un rosier rougit,
et tout ce brouhahas d'insectes
guipures , collerettes , cou frais de dentelle ,
des gaufres aux lagunes de miel
plastron bourdon ,
frise aux bercements des cyprès,
sur la colline
une cantate , silence de soleil ,
de ces lieux où se tenir jusqu'à l'âme
de ces îles découvertes
je ne sais pas où elles me mènent
des pieds de vigne sur la rivière où je vais,
tout cela pour une idée qui n'en est plus une
tout cela pour un visage pressé entre les mains
tout cela que je tue et qui me tue
pour un si long abandon
une phrase de la montagne bleue
et l'odeur de la promenade sous les chênes lièges,
quand nous nous reverrons
je ne serais  plus là
si je t'écris que je suis triste
ne me crois pas,
la terreur a tant écrit
que cela me dégoûte,
une petite nausée.

Si je t'écris que je suis triste
ne me crois pas
car la douleur n'est pas un étendard
 la mort pas une occasion.
une éternité pour embrasser un regard