et cette sorte de lumière la pluie fauchant les blés avec le soleil nous y sommes passés riants enfants de nattes nous y avons baigné nos mains des houles de cuisses nues coeurs fracassés de coups de poing mâchoires aux dents aiguës de lait nous avons bu la brise coupe de ventres inventé l'amour aux bois des lits de l'herbe moussue de vin.
la pluie fauchant les blés avec le soleil.
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À partir du sein du silence la mer épouse l'avalanche des collines les arbres prennent corps de l'aube transparence chaume épanoui pivoines hémophiles tiges perlant de lait les vagues mangent l'automne les rousseurs à l'eau d'ébène le feu des équinoxes l'écume écarlate ventre jailli de la langue fanal cuivré léger de gaze bouche bleue bouche noire et de feu bouche de cristal brisé lire et parler vite avalanche calme marnière mouvementée de réhaut d'âme et poitrine pressées de mourir aux chevilles d'argile des fleurs d'océan fleuve de ruisseaux.
Southern trees bear a strange fruit, Blood on the leaves and blood at the root, Black body swinging in the Southern breeze, Strange fruit hanging from the poplar trees.
Pastoral scene of the gallant South, The bulging eyes and the twisted mouth, Scent of magnolia sweet and fresh, And the sudden smell of burning flesh!
Here is a fruit for the crows to pluck, For the rain to gather, for the wind to suck, For the sun to rot, for a tree to drop, Here is a strange and bitter crop. Etrange Fruit
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Les arbres du Sud portent un étrange fruit, Du sang sur les feuilles, du sang aux racines, Un corps noir se balançant dans la brise du Sud, Etrange fruit pendant aux peupliers.
Scène pastorale du "vaillant Sud", Les yeux exorbités et la bouche tordue, Parfum du magnolia doux et frais, Puis la soudaine odeur de chair brûlée.
Fruit à déchiqueter pour les corbeaux, Pour la pluie à récolter, pour le vent à assécher, Pour le soleil à mûrir, pour les arbres à perdre, Etrange et amère récolte.
( Traduction trouvée sur un site internet de jazz)
La mémoire des arbres , lorsqu'ils chantent parfois les fruits, les étranges fruits, les incompréhensibles floraisons des hommes , immobile balancement de leurs cordes.
jeudi 19 août 2010
mercredi 18 août 2010
Entendu chaque bruit
le sourd
la porte claque.
La pression précise et brève à deux mains,
le bris sec net
de l'ampoule de verre
à son col rétréci ,
jointure intacte,
l'aspiration du liquide
une lettre pointue d'aiguille
un mot de tuyau
lente coulée huileuse épaisse.
le tintement, le choc vide sur le plateau blanc.
le gargouillis de la douleur
décapitée ,
le lit du dos en pinces de titane
la pousse lente de l'os et la chair qui pousse
autour et envahit les broches lacérant les lambeaux de souffrance,
chaque visage troublé s'estompe, s'efface,
les suies de larmes essuyées sur la vitre terne.
Seule rangée dans le désordre des sueurs de draps rêches
les yeux au trou béant du plafond
la nuit absorbe la chambre et le rai de lumière
derrière la porte file aux pas des heures,
Seule et c'est bien ainsi.
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And two indigos
mardi 17 août 2010
Ce Nada
Les petites cités sont menteuses menteuses de calme de paix et de sérénité les grandes cités menteuses aussi de vie d'amour et de plaisir le fleuve un grand roman passeur de jungle et de tigresse passeur de désert et de pluie passeur des mots perdus en chemin et ornières perdus en soleil et lune retrouvés en racines dans le ventre des hommes.
le fleuve battant le long des hautes herbes saignant de tout son flanc les incendies de l'aube où viennent boire les troupeaux disparus dans le vent gris poussières d'acier .
Ils n'étaient pas que beauté ils savaient manier les mots de l'eau les phrases du fleuve filant entre nos cuisses au pas de l'instant des crépuscules et des aubes.
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Je me suis endormie
couché sur ma bouche
charbon de nuit
la course de l'étoile en grand silence
mouvemente la mort
un éclat brisant aux marines
courbant l'écume de nage ravie
boire langue immobile
sourd à entendre
aveugle à l'infini des angles
arrivée des chants de poissons qui dansent la pluie.
Équarrissage du ventre des enfants,
Je perds mon temps dans un fossé de violettes
où la forêt de la terre s'est levée à l'arbre humble
un roseau amble de rus et de fleuves
les mains de la nuit pressées sur les fleurs.
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dimanche 15 août 2010
Chère Louise,
Implacable timidité qui me condamne , l'être tant que je suis terrifiée à la seule idée de dire ou d'écrire que je le suis, épouvantablement timide , un aveu ultime qui me cloue , épinglée dans un angle ,le mien, je ne peux l'articuler tant il m'intimide. D'une gaucherie, qu'en marchant il me semble que je m'éparpille aux angles des carrefours, une jambe timide qui traîne derrière , une autre qui hésite devant , un bras qui qui bat de l'aile entre le trottoir et le passant pressé qui me dépasse très décidé, , qui n'évite pas l'obstacle de la main intimidée et se la prend en pleine face, et l'autre main balbutiant d'étranges borborygmes, miasmes incompréhensibles, entre la rue des teinturiers et celle de mon fromager préféré. il n'y a guère que toi, à qui je puisse l'écrire , et cela me coûte une embarrassante béquille que je viens d'infliger à cette lettre clopinasse , béquille si intimidante que je n'ose plus marcher. J'ai pourtant entendu dire maintes et maintes fois que marcher délie l'esprit.
La langue joue des tours parfois, des tours qui s'enroulent autour d'un cheveu , à ne plus savoir où se niche la timidité. J'en rougis jusqu'à la racine.
Ce qui pourrait expliquer seulement en partie mon esprit rebelle à toute entreprise d'association productive de chevelure photogénique. Le cheveu se loge parfois dans la narine et fait éternuer la réelle brièveté de tout état d'âme productif de longévité admiraaable!