Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

samedi 9 juillet 2011

Que fais tu là dans le noir
je rêve au songe qui glisse entre mes mains
la déchirure d'une aube après le soir flambant,
autant du silence pour nous le rappeler, ce désespoir.

L'improbable est le baiser le plus doux
L'improbable est un baiser des plus fous.



Mer de chine aux bouches moussues de duvet bombasin,
décline ses huiles,
laques de cochenille,
langues serpentines amples au venin d'argent.
Les aréoles de verte myrte aux yeux tièdes des femmes
exsudent leur moiteur sur le flanc des collines.
Elles chantent au bord du soir,
vipérines d'albâtre ondulant l'air de chaux aiguë.
À l'horizon fuyant
les derniers dragons d'encre gorgent les nuages de vin fou.
Des pêcheurs fendent le flot
de leurs lourdes rames,
sur la grève des vapeurs blanches d'oiseaux
s'élèvent des tombeaux des bateaux éventrés.
La jonque, pieds de paille et d'argile
brasse un courant de sanglots,
un cheval à la crinière de phrases d'eau s'ébroue,
main dans la main du temps tremblante
je chemine sur son dos.


Redoutable rêve, ombrageuse terre,
l'échine des arbres secoue mes douces impatiences,
les hommes halent leurs filets
comme ils peignent les cheveux de l'abondance,
leurs cris de joie emplissent les coteaux du ressac,
la mer a pris le masque d'un guerrier cerf-volant,
il respire et mordille le sable jusqu'au sang.


L'improbable est le baiser le plus doux
L'improbable est un baiser des plus fous.


Où vas-tu
je vais au lierre et au chèvrefeuille
écouter la pluie,
l'épaule tressée de soleil du tigre
rire avec l'aube,
ouvrir les manteaux de neige
tendre le mur du crépuscule
d'une ligne d'oiseaux aux tiges de pivoines.

Je vais à la lucarne d'automne
au parc bleu des rouges enfantins,
respirer les cadavres encore frais
des parfums éphémères


 Ma mémoire
fragment inachevé
semble s'étirer à la lisière des mondes inconnus
et se rétracter en un point  de joie et de douceur
sous l'effet d'une flamme ,
la mer est calme une vigueur de cristal
une aube d'argent sur le front des alizés
Pas de grand chien blanc à taches jaune et tête carré
il est venu pourtant
je l'ai vu comme je vous vois

Pas de grand chien blanc à taches jaune et tête carré
nous avons peur de ces chiens
j'ai peur de ce chien

Madame L vieille pensionnaire dans un mouroir moderne
s'en va parler au docteur H ,
un grand chien blanc à taches jaune et tête carré.
Je suis à l'âge
où les enfants me sourient,
où les jeunes hommes curieux m'appellent madame
où les vieux hommes non moins curieux m'appellent mademoiselle,
une comédie bien réglée .

Je suis à l'âge vieille idiote
à la terrasse  d'un bistro buvant un double expresso
deux péruviens cheveux longs noirs
jouent de la flûte et scandent le rythme avec leurs pieds,
à l'âge sénile
et de les entendre  me fait pleurer,
de les voir me fait pleurer ,
de respirer me fait pleurer ,
l'un d'eux s'est retourné plusieurs fois,
nous avons baissé les yeux ensemble
nous les avons levé ensemble également ,
un léger mouvement , pleurait-il aussi .
C'est quoi longtemps
c'est quoi bref fugace léger lourd et violent,
un oiseau qui s'envole et passe
un visage étiré en lisière de forêt
une béance de lac nage paisible
réceptacle et flèche
chasse d'ombre illuminée
d'un continent à l'autre
un oiseau passe fugace d'éternité.
Ce qu'il faut de ruses et d'artifices pour déjouer la mort
de masques et d'invisibilité tranquille,
la langue le dit et l'écrit mieux que moi,
ce qu'il faut de tenace , d'innocence alliée à la plus coupable d'artifices,
ce qu'il faut d'ailes et de pieds ,
ce qu'il faut d'âne à secouer ses grelots ,
ce qu'il faut de nuits à l'aube,
ce qu'il faut d'eau de rivière et de fleuve pour la noyer ,
ce qu'il faut d'amour pour la tenir au plus loin écartée,
et se taire pour l'oiseau
bref fugace léger lourd et violent,
Comme nous avons ri en buvant

vendredi 8 juillet 2011

Nous ne sommes pas allés si loin que les cap horniers,
pilotins de cassonade , pauvre servante ,
tartine brune renversée crissant sur le sable
écraseurs de crabes
sous les plantes de pieds
les diamants de rocaille,
les pommes rouge caramel barbouillées
à la bouche , criant à la bourrasque
levez le pouce
levez les voiles !
Fuyons , alevins dans la nasse ,
touons les orpaillages aux blanches gorges enfantines
bois de vent
cheveux de bataille
mousse d'écume entortillant les jambes  de serpents à têtes d'algues,
dans les flots fuseaux d'acier ouvrant la poitrine
les jeunes apprentis cherchent les grandes baleines blanches.
Nous sentions la mer nous emporter dans son ventre alysse d'argent ,
bouche bleue grappes de bras  épaules saillantes ,
abysses maritimes s'amuïssant aux pâtures des salines
entremêlés de lames d'azur,
rendre l'âme  couteaux brillant sur l'horizon en fuite
nous tenions la mer entre nos cuisses
chevaux indomptables foulant les brisants,
cavaliers d'infortune
nous battions la vague , cracheurs de spume,
la mer sur un dernier souffle,
volupté terrifiante, douceur calme d'aube illuminée,
poitrine palpitante de vases éventrés.