Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

mardi 18 janvier 2011

Sa poitrine halète
les pupilles de ses yeux sombrent doucement
un petit point noir qui se grise
le voile laiteux couvre le lac clair des jours demeurés là,
ses mains, petites et fragiles , des pattes d'oiseaux,
sa peau parcheminée , quelques taches de vernis rose sur le bout de ses ongles,
sur la face de son poignet , une série  de pointillés bleus,
des chiffres interrompus, au delà du passé,
ma fille, ma fille , une brosse d'après-midi sur les cheveux ,
elle me sourit, une conversation ,
la dispute pour une place , un morceau de beurre,
quel jour on est,
avez vous donné à manger aux pigeons,
regardez par la fenêtre , on dirait la montagne
oui c'est la montagne et une petite avec son bonnet ,
comment vous le savez , oui c'est ça , on dirait la montagne,
le monde bat dehors dans la cour de l'école,
le petit point d'onyx brille , lumière de faucon,
il tressaille  sur la bouche d'une rose,
nous montons la grande allée sous les arbres,
le temps ralentit , une larme au repos,
il court et saute , traverser la rue,
 j'ai entendu l'imagination du souvenir,
les moussons du crépuscule , le feu des arbres ,
la feuille crépiter aux larmes
le vestiaire,
on rentre sous la pluie

Sempre libera, La Traviata, Verdi, Maria Callas

Verdi - La Traviata - Stratas-Domingo-Levine-Zeffirelli

dimanche 16 janvier 2011

J'ai échafaudé un igloo de livres, il est là, trépied de sang sombre pantelant,
dressé une table abondante de sucs de viande, de caramel roux, de rôtis dodus à la ficelle, de troupeaux d'oies qui cacardent et blondissent sur la braise tendre, vasques de fruits opulents, des crécelles de fous aux chapeaux emplumés de cailles vivantes,délicates, dodelinent de la tête.
Dôme transparent roucoule de brunes peines,
flambeaux cirés de givre,
les mots prennent le goût de la neige exquise
et le feu des marquises de gel ,
l'haleine bleue des pages cylindres enluminés à la taille ceinte d'orfraies
dénouées souffle les phrases ,
aurore nuit soir enturbannés de boréales et d'orphéons, pincée d'or et de raisins,
feuilles éparses que rien ne rassemblait
feuilles que tout rassemble dans la vague déferlante,
autant que l'arbre déployant l'espace entre deux chants,
il faudrait toujours pleurer de joie, vaines sont les asséchées,
embrasser les suées sur la tempe douce
de l'enfant endormi, le rai de lumière qui coule sur sa joue,
sa main qui bouge, son nez plissé, sa moue de grâce
et son rire fuselé,ses bras qui s'ouvrent et son sourire au bord des larmes
il entend le silence de la musique monter ,  l'allégresse ,
simple pas, se quitter avant le matin ,
se quitter transparent avant de se connaître,
sans hier et sans demain.
Une aube d'igloo, un lac enflammé de pivoines
où les patineurs tracent les cercles de l'univers
dans un jaillissement neuf.
Les pingouins ont revêtus leurs fracs blancs manteaux
sur leurs épaules la lumière brille, noire.
Cela ne tient à rien, l'allégresse.
Le bol de lait caillé immobile et songeur
où nage une baleine près de l'iceberg ensoleillé,
les nids de pluie et de soleil au regard des passants sur le cul du ciel,
dès que les yeux aveugles s'ouvrent
en dedans et en dehors du monde ,
les cortèges interminables de fleurs à la trompette
pointues triangles ouvertes à la gorge par un rêve habité,
habillé déshabillé,
les planches à claire voie où la terre tremble,
le silence et la voix qui se fait,
cela ne tient à rien  l'allégresse

C'est comme ça qu'on finit Grabuge , battus à mort avec un balai au fin fond d'une grange sombre.
Je me rappelle et bien plus , l'allégresse.
Et puis merde je ne me rappelle plus , dansons jusqu'à ce qu'un oiseau nous tue.
Vous  vouliez  des oranges, je les ai mangées, l'ourlet d'une jupe qui descend l'escalier, c'est que maintenant je me soigne .
Il fait frais ce soir , je suis née un soir d'orage , la pluie battait à tout rompre , j'ai rompu le cercle du monde et me suis échappée





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Promenade

Ce matin de plaine la terre une croûte de pain brun,
dense serrée de farine  transpirant de bosquets de braise
où les cristaux de sel craquent sous la dent,
de loin elle paraît noire ,
en s'approchant dans les fumées d'herbiers
des rosées émeraudes sous-caudales pétillent
du vin vert de forêt au bec châtain,
le soleil ouvert , un large sourcil clair,
le ciel à la huppe fine , un trait dans l'oeil
les pattes  rose foncé, les cuisses du sommeil ,
les rémiges encore bordées de nuit étirent leurs membranes,
sous les aisselles,  des coquillières cotonnières
la laine de flandre au rouet près du feu ,
gorge du ciel orange dans le lattis des bois se penche
un lièvre à l'oreille s'élance sous le vol des seins blancs,
l'étrange continent d'un voyage
voyage entre terre et ciel
cet espace que l'on ne trouve que dans la plaine
et sur la lande mauve d'avant l'océan ,
deux continents qui se traversent à l'horizon immense,
qui s'épousent en  précieux silence,
le continent de la haute marée,
le sentiment étrange que c'est le dernier et le premier,
la houle du soleil peu à peu lèche les premiers toits d'ardoise ,
premières maisons les mâts aux  gerbes d'oiseaux,
ce pays marche dans le ciel
nage sur la terre
ce pays dans l'heure


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