Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

jeudi 21 novembre 2013







  Une étournelle avec deux guiboles de fil de fer , elle descend la rue en sautillant , c'est l'heure des godillots et des gamelles en émail bleu, un peu craquelées sur les bords,
les lippes se dessoudent, l'oeil du gros costaud appuyé au zinc frise gouailleur , il se retourne , nous regarde , éclate d'un énorme rire et nous dit "qu'est ce que vous faites là les deux pinsons ? " Un p'tit thorez pour la drôlesse ?
Au petit bistrot du coin, à la proue du bateau , les godillots couverts de poussière, , les yeux au ras du flipper , le bruit des verres qui s'entrechoquent, les sillons des lanternes qui envahissent le trottoir et la fumée bleue qui sort des narines des fenêtres, les mains râpées de paille de fer, les yeux aiguisés de limaille, les nez piquent dans les verres , les nénuphars vin clair, ballons de robes et de cerceaux, derrière les gonds de la porte de bois vermoulu la rue file sur les pavés disjoints, les cartables gonflés de nattes, de mains, de plumes, de chaises cirées , les sacoches s'ouvrent sur la nappe du soir.

Le vieux fort gris transpire, des sueurs d'été zébrant le vieux mur du dormeur de lune , la mer de lumière perle sur les sabots roux des ormeaux .

Les feuilles du lilas en cochenille mauve ondulent au jardin, d'ombre mon nez se fronce, je sens la suie du crépuscule sur le front de la ville l'embrasser de ses monts.

La porte du jardin crisse et les pierres sous les pieds piquent vifs le retour, l'après souper de brune, bouche rouge sur la claire nuit.










 L'oreille et la bouche constituées au près de l'arbre
aussi près que le je et le nous s'embrassent
comme on tient la parole levée dans un silence
un silence embrasé
un feu qui ne brûle plus ne brûle pas
n'aveugle plus n'aveugle pas,
éclaire,
relief de lumière, l'ombre est douce, une phrase inachevée
et nous nous voyons en entier, le je des pluriels,
le nous des rires et des pleurs,
de partout les collines en mouvement, avalanche lente,
corps précieux regards courbés de larmes
vigoureux et fiévreux , paisibles les chats s'endorment aux pieds des oiseaux.
Creuser creuser la terre jusqu'au sang
sourire au premier jour de la nuit
la dernière nuit du premier jour
une brèche ouverte à la chair de nos poitrines ,
le fleuve bat .
Nous sommes vivant
vivant nous sommes et serons , ainsi le temps du lieu.
Les mots sont couchés sur l'herbe
des ruisseaux de rires,
ils sont perdus dans l'herbe
il nous faut les retrouver,
parole , il nous faut la chercher.


Ils elles peuvent faire du bruit dans l'immédiat
ce n'est pas grave

ils elles peuvent être recommandés et recommandables

 
le bruit la rumeur dans l'immédiat

Ils elles se tairont

 les a fait taire respirer
se taisent et se tairont ,

C'est Mozart reconnaissable entre tous

C'est Mozart

Il y a    il est là
enveloppé  dans le silence d''un soir d'été
pas le sommeil
pas le silence comme les hommes l'entendent et le disent
l'interruption du silence