Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

mardi 1 novembre 2011

Pommes reinettes acidulées
sous les chapeaux enfoncées jusqu'aux oreilles du fleuve
les visages se plissent de rides , le vent pointu , pentue une ardoise de biset,
boules d'oiseaux de feu piquées sur les ponts gris
les péniches chargées de rouille tanguent dans le roulis
de la Seine brune des ramages d'ocré
leurs hanches allongées sur les miroirs étincelants
des forteresses de verre fumé,
de la Seine brune
les livres respirent
des poissons vivants
sur les étagères , les marches de pierres moussues,
alignés têtes-bêches
carénés par les mains des chalands,
feuilletés par la brise fauve du soir
caressés faïence du ciel
s'immiscent dans leurs yeux,
un poisson frais dans la bouche , des écailles sur le nez ,
un marron chaud dans la main,
imprimés de bateaux , de tempêtes,
d'Afrique lointaine côtoyant les fleurs de roses,
New York , Singapour , les rives sauvages de la Loire,
louvoyant ensemble roman noir sur l'étal sinueux ,
des hommes assis sur des chaises de fer ,
vieux rayonnage couleur olive ,
la Seine traîne
terrasse désertée ,
le garçon de café rentre les fauteuils
une cravate de gant blanc dans sa poche noire,
un nuage éternue
un arbre tousse des sanguines des miellats de chair,
un corbillard passe, un enfant crie vive les mariés ,
à Patawa , un nain est tombé dans la gueule d'un hippopotame,
simple réflexe de déglutition , le public applaudit à tout rompre,
carnaval funèbre

dimanche 30 octobre 2011

La mer se baisse et se lève
une petite fille se baisse et se  met debout
ramasse les cailloux
la soirée s'évase la fleur posée près de l'âtre
le matin était frais
ce soir il fait doux un buvard d'océan de lettres
la mer là d'une mer vide, au soir d'une vie.

l'automne est arrivé dans un filet à papillons
cette nuit j'entends la mer soulever sa poitrine
un ruban noir sur l'oreiller
un chat qui dort sur ma tête
son oreille sur ma joue
le gros ventre d'un nuage dans la cheminée
la bûche qui craque
le nuage tombe dans le feu
le gris ramage , de rameaux et de feuillages crépitent  dans la flamme
les digitales claquent dans l'ombre,
le bruit du coupe papier séparant les pages ,
des crénelés , dentelures , copeaux de papier sur la table,
la drache sur la  vitre gratte son dos de hérisson
l'automne est arrivé  une feuille sur la marge
la mer soulève sa poitrine
nuit noire de lumière
tout emportée dans les couleurs
l'aube dort dans un pli de sa gorge rose
l'aube se lève un trait vertical sorti de l'encrier