Tiens il pleut
samedi 5 octobre 2013
Les pageots d'oiseaux
Les cieux sont changeants
la mer est sonore
sang améthyste dispersé ,
soleil ,
femme citron sur l'oeil de la pierre ,
langue de sable déroulée
les petits crabes bagotent dans les trous d'eau tiédies,
boutonnière rouge du soir posée ,
soleil,
miroir de fruit couché,
et le vent qui passe dans les arbres
s'amuse à remuer les feuilles
une bouffée de vent ,
soleil ,
une voiture passe nuitamment
une bouffée tabac bleu d'oiseaux
lundi 30 septembre 2013
Je suis l'eau
et je prends tes yeux je les enlève
du fond de la rivière
sur une pierre
Je suis le burin
et je taille tes peines
à petits coups ciseaux patients
sur le dos de tes mains
Je suis l'herbe
et je mêle ton chant
ondulant à mon galop courbe
à travers la plaine, âmes hanches d' étamines
Je suis le temps
qui frappe ta poitrine
étrange instant des réveils
où le mur tremble
où les objets s'animent de lumière
où le chat sorgue assis sur le toit
de borgnon qu'il est, étire deux paupières, liquides pers
et conciliabule avec la cité au soleil, des géants allongés là,
mains de glaise et de feuilles où chantent les lierres,
mystérieux instant où le point s'ouvre
et délie le soleil et la lune en ficelles nègres
peignes d'ivoire aux gibernes de clavecin
beauté et effroi des réveils où je me ploie sur ces cordes de vie,
la Seine une empoignade de tourbe, le pont a bougé ,
les cygnes nagent tout autour de nos chevilles
l'océan qui baigne ma tête de rouges et de vertes îles amarantes
Et l'automne qui vient
sa main
son flanc pluies rousses
pain de châtaignes
pente ronde de bois regard d'eau tourbillon calme
le lit des yeux verts où boivent et vivent les jours perdus
la nuit s'étend sur la ligne de grains de lune
colline blanche chauve marbre de corps
de l'eau dans l'encre
le trait d'aube
C'est dimanche et je dors
petit sommeil d'or,
c'est dimanche je me lève ,
sous ma peau le chemin de la fièvre,
c'est dimanche à midi ,
et j'ai faim , petit morceau de pain ,
c'est dimanche , et je vais
vers la mer de mai ,
c'est dimanche , elle est plane et pierre ,
je la regarde
sculpter ses poissons de marbre ,
c'est dimanche et je rêve ,
sur le sable , et sans bruit , l'après midi,
c'est encore son ventre plein
qui réclame le mien ,
je reviens , le vent dans les mains ,
c'est dimanche et le soir
à l'encre noire du ressac va boire
la gorgée mystérieuse de la nuit,
c'est dimanche à minuit
je m'endors , petit serpent de mort ,
c'est encore la nuit
et l'ange volubile luit
c'est lundi
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