Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

dimanche 29 janvier 2012

Valse

 Entendre la mer  bercer mugir murmurer
baigner les visages aux nuages voyageant hors du temps.
Toujours trop tôt et trop tard
où est parti le printemps,
printemps le sablier aux grains d'or
printemps douce violence,
grande violence ,
charmants petits becs rouge crocus sur la robe de neige,
la fleur pousse sans bruit , les fruits sont éclatants
la feuille craque et se déroule dans le vert
palmes légères
les bouquets de pivoines dans la chambre
le lilas dolent sur la lucarne du grenier
qu'un rire tout à coup vient saisir sur le gisement clair de l'après midi
versent les mauves vifs sur le soir épanoui
des touffeurs de mimosas nocturnes
fiole véronèse buissons de cheveux
des parfums de miel et de sel
des ruissellements de poissons
les tilleuls couvent les tiédeurs boules de chat dans les bourgeons ,
mousse d'orge dans les bocks

Jean ouvre son cartable
nos pieds nus sur le plancher pour enjamber la nuit
les yeux ouverts un bouquet sur la fenêtre de l'enfer
un bouquet sur le visage
comme porter la misère
porter la beauté
du jaune du bleu  du rouge du noir
luxuriance de l'aube pâle
comme nos visages
un oiseau un arbre la mer une terre,
j'aurais pu faire plus
humble coeur
des copeaux de papier jetés à l'eau et délébiles
des mines de crayon sur le feu des promenades
des battements de coeur sur les vieillies poitrines
des plages au parfum d'églantine
de l'eau et de la terre sous les pieds ,
ils me disaient au petit matin vide de larmes et vides de paroles
lèves le poing et cries notre douleur de vivre et de mourir,
vos chagrins ont ouvert des fenêtres,
je n'ai rien fait de cela ,j'ai parlé des roses
 de ce vertige étroit entre la mort et la vie
la mer
ces largesses de sable 
ils sont quelque part perdus comme moi
sur le bord de la bouche une morsure douce d'enfant
le sang des fleurs sur l'aube où l'air bleuté  chante à leur tombeau,
une enfant au bord de la mer
un nuage qui passe
un miroir dans un café
une bourrasque
un présent habité


tout ce qui est arrivé
tout ce qui n'est pas arrivé
parce que demain ne dure pas
une ville merveilleuse où j'étais venue
ces belles portes ruines de silence
les volets fermés d'une maison où les enfants s'amusent dans la rue
cette mer qui leur parle à l'oreille
l'aube qui pousse sur la nuit
et son visage dans l'air sur la pierre frôlant l'herbe du soleil
telle fois tel son torsades d'émeraude
chant de pluie de cailloux remontée du fleuve
vol d'orphies
une ville où je suis dans ses parfums vifs
 de la chair crue du temps sur les murs
une brise fraîche de la gorge soufflée  sablé gris un ventre de verre
les yeux de silice dans le feu des vins mélodieux
filet d'or sur la bouche
 la lagune inspire le crépuscule roux coupe de fruits
taffetas noir
expire l'aube doux froissement d'amaryllis sous la brume
roulis nuageux où fuse un rubis 

Autant, je me contente de la mer
de sa grâce de sa violence  de son indifférence
de sa cruauté de son chant de sa beauté  de son calme apparent,
de ses abîmes de ses colères et de ses débordements,
de ses pièges et de ses couleurs
de ses aubes libres où tout se dénoue autour de mon cou
où tout se trouve et se perd ,
jusqu'à ses démences ses rages et ses délires obsédants,
ses tons ses talents et ses perfidies ,
ses huiles, ses écumes et ses heurts,
l'aube qui pousse sur la nuit
son visage sur la terre sur la pierre dans les veines du bois
frôlant l'herbe du soleil
l'odeur de sa chair de sa peau
je la porte dans mes os
d'aussi loin que je ne peux dire,
l'odeur de sa peau dans la mienne
ses écorces d'algues qui n'ont plus de parfum
séchées  tannées d'après midi immobiles
un grand esclavage auquel je consens
qu'elle me tue si elle le désire mais en douceur

Cette petite ombre que je suis
me suis sans cesse
elle s'allonge et se rétrécit,
une confiance , une menace,
une complice ,  la terre tourne
un ballet de clarté
des nocturnes d'étoiles
Anna a posé le livre sur ses genoux,
nous ne savons pas si nous conversons,  si nous rêvons,
si nous écrivons,
tu vois  ce poteau
ce pilier qui tient le mur la chambre la maison le monde,
je fixe un point là tout en bas ,
jusqu'à ce qu'il disparaisse et je m'endors ,
je sais alors que ce point c'est le mien en toute chose
et toute chose est ce point qui n'est pas le mien
que tout ceci est provisoire ,
ces nocturnes  chant d'astres radieux
une  nuit s'offre
et la mer de lune à soleil
une belle journée au parc , des toupies de feu ,
d'espace voluptueux
tournant tournant volutes amants

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