Tiens il pleut
jeudi 3 mai 2012
Je ne sais pourquoi
l'encre sèche si vite,
ni pourquoi certain soir, si triste,
tant de fois un secret tenu, une joie qui craque
je lève la tête
je soulève les yeux
l'après midi est bleue
le soleil majuscule
brûle les rues ouvertes à ma rêverie d'ombre
mais la feuille est déserte
et quelquefois il pleut
le monde bouge, tremble,
vacille et vit à l'instant qui se tait
Il pleut
des arbalètes de soie grise
des moustaches de chat
des cils de souris
il pleut sur ma tête
dans la poche du vent
partout sur la ville
sur les nuques
sur les grilles du parc
sur les places
un rassemblement de pigeons sous le kiosque à musique
j'aime la pluie
dans les encriers de la rivière
trois accents circonflexes
je pense aux hirondelles
à leurs tempes blanchies
qui frôlent le silence
dans la soirée montante
je pense au sac de sable tiède sur le banc
à la grève
aux fines grives ondées dans les fougères abyssales
la nuit venue macule la page ,
un homme passe une cloche dans la tête,
le pont clopine , la luette oscille
la cloche penche tombe,
la nuit l'absorbe , fleuve bronze ,
trois notes tubulaires cuivre
trois poches de poissons noires fondent
La lumière des réverbères patine
le ciel ventre doux d'orque glisse rousses des éponges,
gorge de buis dulciane, songes d'anémones ,
tuyaux d'orgue symphonie d'hippocampes
artémias clampe, déclampe, basson d'érable
jeu d'anches , l'océan sonne
Le fantôme octave la bouteille,
sceau de mer rouge, trille de liège
un poisson vert, syrinx jabot de pan,
assis tous deux en osier rocking chair,
débonnaires, le vin converse gouleyant,
nous buvons un verre sur un mérou smocks
Je suis le pont qui a disparu
qui marche
l'éléphant qui balance ses oreilles sur une flûte de champagne
dans la joie du chat en bottines sur le toit
à l'aube sur une liane de roses , parle à la souris du soleil,
un roi de bohème à l'oeil de cristal
une pousse de gueule de loup entre deux détachements de roche
qui boit le vin de lit du crépuscule dormant sur la bouche du ciel
un sac de sable sur le banc
des pépins de pluie
je ne sais pourquoi
l'encre sèche si vite
ni pourquoi certain soir ,
je soulève les yeux
l'après midi est bleue
le soleil majuscule
brûle les rues ouvertes à ma rêverie d'ombre ,
mais la feuille est déserte
et quelquefois il pleut
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