Je suis l'eau
et je prends tes yeux je les enlève
du fond de la rivière
sur une pierre
Je suis le burin
et je taille tes peines
à petits coups ciseaux patients
sur le dos de tes mains
Je suis l'herbe
et je mêle ton chant
ondulant à mon galop courbe
à travers la plaine, âmes hanches d' étamines
Je suis le temps
qui frappe ta poitrine
étrange instant des réveils
où le mur tremble
où les objets s'animent de lumière
où le chat sorgue assis sur le toit
de borgnon qu'il est, étire deux paupières, liquides pers
et conciliabule avec la cité au soleil, des géants allongés là,
mains de glaise et de feuilles où chantent les lierres,
mystérieux instant où le point s'ouvre
et délie le soleil et la lune en ficelles nègres
peignes d'ivoire aux gibernes de clavecin
beauté et effroi des réveils où je me ploie sur ces cordes de vie,
la Seine une empoignade de tourbe, le pont a bougé ,
les cygnes nagent tout autour de nos chevilles
l'océan qui baigne ma tête de rouges et de vertes îles amarantes
Et l'automne qui vient
je le touche de ma main
son flanc pluies rousses d'absence
pente ronde regard d'eau tourbillon calme
le lit des yeux verts où boivent et vivent les jours perdus
où la nuit s'étend sur la ligne de grains de lune
colline blanche chauve marbre de corps
deux bras surgissent et gravent ton visage
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