Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

mardi 17 juillet 2012

Igor












 Igor au parc  , aussi grand que fort,  stentor il les a énormes , il peut m'écraser entre ses deux battants de chair , ses mains des battoirs , il roule des bouts de papier de bonbons  du bout de ses doigts doucement, comme s'il réveillait des fourmis multicolores endormies, dès la porte franchie , je lui ôte de sa poitrine ce bout de carton tenu par  une ficelle où est vilainement inscrit son nom et son prénom , il émet un sifflement bref , un vol expiré , il marche   un peu comme un pigeon se dandinant  à peine, le cou rentré , mais sa démarche est aisée et ses pas sont sûrs , sa tête ne fait pas de bruit , sa peau souple , c'est lui   sur le même banc

Igor du fond de sa poitrine cherche à remonter les mots,  il assène l'espace flottant , sa voix terrible   un trou noir que le vide entoure  , une poche d'air , du fond de sa poitrine à remonter les mots qui grondent et qui caressent la peau du ciel , cerf volant changeant  que l'aube ouvrant ses lèvres embrasse le feu noir , le vin frais de ses poumons en flammes

  Le soir dans sa chambre , il vérifie si personne n'a dérangé la pyramide de livres qu'il empile au bout de son lit , depuis des années ,du plus grand au plus petit , si rien n'a bougé  il grommelle satisfait ,
 il attend l'instant , tous les soirs  où je lui demande comment coller un timbre poste dans la tête d'une mouche,  toute la nuit durant il parle en dormant , ses grosses mains sur le drap , deux faces de lune paisibles sur le lit.
 Le lendemain au parc , il attrape toutes les mouches à sa portée sans les écraser, d'une main à l'autre  il jongle ,  dans ses mains refermées une bulle de couleur et d'air ,  bruissantes les étourdies,  il dégage un passage et les dépose dans ma poche , un collier vivant,  une nouvelle collection commence , avec précaution nous découpons  les papiers de bonbon  en minuscules morceaux , un minutieux travail  , une main à la poche , l'autre au papier , un point de colle sur la tête noire  et  ce soir  là , elles décollent et s'envolent    , des vaisseaux de timbres -mouches ,
c'est aussi le cimetière des oiseaux morts , un jardin à poils ras, un poux sur un chien , parfois le musée des vivants qui flottent dans des habits trop grands , des poussières d'or au lever de la nuit sur l'océan , les étoiles du matin, sur le même banc







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