Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

mercredi 1 septembre 2010

Chère Louise ,


Si je ne sais pas ce que je fais là , tu le sais mieux que moi ,c'est une pensée que je te prête volontiers , que je te donne , et en laquelle je me remets , me livre entièrement .

Ce que j'ai pressenti , à travers tous ces silences de gravité , ces trous de mémoire , ces lieux perdus , une maison, le lion d'or un hôtel , une ville disparue toujours enfouie dans les caves , les greniers éventrés , les pointes de tes bottines des toits brisés petits cadavres d'ardoises sous la pluie , écolière les yeux au soupirail , vestiges de murs sans nom , de visages sans yeux , tu l'as marché sur les pavés , tu l'as gravé dans les ventres , tu l'as souri à la plume de ton chapeau, ce que je sais , le livre , des noms , des longues et interminables listes de noms , sur les murs, dans le vent et sur le sable , dans les sabots du cheval , dans la respiration des mots d'haleine sur les vitres du château borgne.
Ce que je sais , tu l'as gravé dans les gestes , sur la pluie , la vie est un miracle,le seul,le livre des noms du monde est un miracle,nous sommes des miracles, je suis un miracle , la pierre est une grâce , la rose est un enfant.

Avant même de l'ouvrir, avant même d'ouvrir les yeux, je le savais de longue date.

La nuit n'est pas une chose droite,, la nuit est irrégulière, la nuit penche les douleurs sur la pluie, la nuit est si profonde qu'elle semble légère , un tulle de dentelle, la plupart du temps je suis encore effrayée de vivre, un miracle qui aurait la vie dure , un coupant d'aube , un souffle qui poursuit jusqu'à la tombe.

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