Comment résister à son enfance
je ne résiste pas , je m'y abandonne avec joie,
comment résister à cette tentation ,
je ne résiste pas
à l'instant de m'y abandonner
ce mouvement intérieur
chauffé à blanc ,
des images imprévues
une intrusion vive,
tout va si vite comme inaccessible par l'extérieur,
inaccessible , tout un opéra peut chanter la traviata,
je ne l'entends pas ,
une place à l'instant d'écrire, une place libre ,
une précocité à retardement , un éclatement de l'eau qui dort,
puis le temps le temps,
très lentement un long travail de recommencement,
comme issu de longues recherches
où je fronce les sourcils ,
je me vois si bien
que je ne me reconnais pas.
Et toujours ce dérisoire , cette complaisance avec moi même que j'ai toujours peur d'entreprendre ,
d'entretenir ,
comme si aimer était un souvenir.
Un corps intérieur qui s'ouvre se manque et se retrouve,
l'eau et la pierre ensemble au commencement,
comment porter et supporter cela ?
j'avais reçu une lettre
une lettre d'un ami très proche de la famille,
il m'avait connu petite ,
je m'étais toujours trouvée joyeuse , vive, espiègle ,
et voilà qu'il m'écrivait et me parlait d'enfant grave, silencieuse ,
Nise m'avait dit
dès que tu étais assise sur une chaise
le temps de me retourner et tu avais disparu de l'endroit où l'on t'avait assise,
et voilà que j'étais et voilà que je n'étais pas.
Un abîme à chaque pas où tout s'envole,
le point en fin de phrase comme le point devant la première,
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