Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

mardi 9 août 2011

Torpe.

La réalité distrait , et les foules aiment la distraction , et à mon grand regret , ils ne sentent pas les belles ombres qui dansent la vie dans les bras de la mort  , ils ne sentent pas l'harmonie qui se joue dans la tragédie.
Les rues s'enfoncent en grand bruit dans une profonde torpe ,un grand bruit  , un train où tout le monde monte avec entrain , et chante à tue tête, un voyage autour du monde ,où l'on fait  déjà du bruit en avant  et rien d'autre.
Je ne suis pas partie , je suis restée à l'ombre, le goût de la promenade sous les arbres, le long de la rivière où nous nous ébattions en riant .
J'essaie de ne pas m'enfoncer dans cette grande tristesse que je déteste , mais détester ne sert qu'à l'appeler plus encore , alors tristesse.
Dans l'urgence , je n'ai pas le temps de pleurer , l'urgence est ainsi faite que j'aborde la mort avec un détachement réel , un geste répété à son instrument , les mains hors de ma tête ,  un craquement de vertèbres  un éclat de lame, les larmes plus tard plus tard, le soleil plus tard , presque une offense, je tourne autour de moi et je ne sais pas , un terrible vertige  , je ne sais pas,  un fil de rosée sur la nuit, un glissement de sable , une poignée satinée  emportée par un rondo de pieds, des ruades d'orage brillant sur le sable et des naseaux noirs de vent ,des hanches qui se cambrent à l'assaut de la mort et ne bougent pas, le soleil au dos comme un enfant .
Je ne sais pas, et parfois le sentiment de ne pas exister , est- ce que je vis ? Je ne sais pas,  l'urgence d'écrire n'est pas un métier , elle n'écrit pas pour satisfaire des besoins,  c'est autre chose , autre chose en moi , au dessus de moi, une nécessité absolue qui me laisse sans voix lorsque la question est reposée des centaines de fois, chacun dira ,   j'écris , est-il  absolument nécessaire de répondre  à la question , l'enfant le saura sans jamais vraiment le dire,  il saura peut être le poids et la légèreté de chaque chose , il dira écrivez cela et dans le même temps et un autre plus profond il sera autre chose, il sera cet enfant retenu donné écrivez, j'écris mon âge d'émotion .
La réalité distrait c'est vrai pour ce monde aliéné ,  des scènes  de bruit distractif , quelquefois j'y vais , mais je sais qu'après je rentre chez moi , en grand silence,   j'étais seule , de cette , comment pourrais je dire , cette tristesse ? Cette méditation ? Cette nécessité calme ,  un chemin , un soleil qui passe sur l'ombre, une autre ombre, un autre soleil, chez moi , mon enfance, personne ne lisait, il n'y avait pas de livres, personne n'écrivait , dans l'isolement de mon enfance, ce château de pierres, des fantômes passaient , familiers , inconnus, je me suis fortifiée d'un poème, je me suis dessaisie  d'un poème et un autre vient inconnu aux limites extrêmes d'un ciel qui disparaît et nage dans le coeur .
Un silence de parole, une parole de silence, bordé de soleil et d'ombre, quelquefois  , je m'endors sans savoir si l'aube reviendra , pas pour moi, comme ça , rien d'autre que la musique qui prend le temps dans ses feuilles, les glisse sur les pierres de la rivière.
Que dire, que me demandez vous , un verre d'eau, pas plus, je ne sais même pas si j'existe ,   une question sur la chaise qui ne répond pas , une question qui danse chante ,  deux ou trois phrases un chatoiement de rouge, un doigt de satin sur la nuit, un après midi de pêche , des rondeurs de joue d'enfance, le jardin du soir , une poire, une invention, une poire ouverte dans la poitrine, cette pâleur après la lumière , la vie est un cercle de sang.
Je suis partie de nulle part ,  je suis partie de moi et toujours dans ce présent si dense , qu'il me semble être perdue, arrivée trop tard , une verrue sur le nez du monde ,  immobile sur les mers glacées ,  dôme noir de soleil,  des abondances et des déserts , des fenêtres , des chambres , des cités , j'ai remonté le col des fleuves, et je suis là revenue , fourmi sans casque aux douceurs du sang de la nuit.
Le chat s'est endormi  déroulé sur ma tête , un chapeau de nuit ronronne aux oreilles , les paupières se lèvent ,un tigre à l'ombre sur la colline et un buffle titubant   tombé mort  sans un bruit , un chapeau là  posé de la grâce d'un poignet , cette pâleur après la lumière .
Je n'ai rien fini,  tout est à recommencer , dans ce rien qui vit , un glissement de sable .

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