Nous sommes ces hommes et ces femmes devenus poètes
ces poètes devenus hommes et femmes,
il n'y a pas d'ordre dans cela, il faut quitter ,
de la violence et de la douceur ,
chacun y donnerait un sens où il n'y en a pas,
cette puissance qui existe et n'existe pas pourtant ,
un temps de bataille , féroce,
ce temps de blancheur impalpable,
ce temps de noir que nous croyons mauvais ,
la mer ce temps de voiles dressées ,
les chants les espaces où voler où respirer les parfums des fleurs ,
bleu , cieux immenses de bonté , de musique où les cerises pleurent,
pourpre où le sang s'est noyé ,
le mur des morts est là ,
nous sommes ce temps qui n'a pas existé et qui existe , temps de fièvre , de pain , d'os , d'huile de chandelles et de mains, ce temps d'orage et d'écriture ,
sans nombre et dans l'instant ,
ces temps de regards , de retard et d'avance ,
perdus décharnés par les heures de peur où nous sommes tombés ,
temps arrachés et retrouvés,
l'urgence dans l'ombre du noir , ces temps d'angoisse et de gouffre ,
ces temps d'homme et de femmes, ces vacarmes,
sans cicatrices hormis ce flocon qui passe ,
une rose ,
un silence où j'ai trouvé la présence et l'absence,
arrêtée un temps dans ce temps
le bateau sous les étoiles dans sa toile d'eau,
la musique a levé le monde des flots
jusqu'à s'étendre et nous tenir tout entier
ce rien tout en haut des flots d'étoiles et d' eau ,
je me suis abandonnée à ce quelque chose qui n'a pas encore de nom,
écouter le vent , la neige, la pluie et le soleil dormir derrière nos yeux ,
il suffit que la faille s'ouvre et que la mort sourit ,
il pleut doucement et personne ne répond et personne n'écoute,
il pleut dans mon coeur sur cette ville tendre
hormis ce flocon qui passe
seule au milieu et sans mots pour dire ,
il faut quitter
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