Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

vendredi 29 décembre 2017

Histoire de la pluie



Je me suis pelotonnée
dans un nid de soleil

Histoire de la pluie



Le soir est tout noir
de bruines traversé,
encensoir de fines ballerines et de fumée,
je marche brouillard de cendres
escarpins de satin gris
sur un fil ciré talon frappé ,
un chagrin en retard
une fonte de nuages
mascara du ciel sur le trottoir
charbonne les pavés,
de la suie sur un cil
glisse et m'envahit,
pas envie de parler
une flaque flasque
creuse le ciel
je laisse ce lac sur ma joue
inonder de bleu nuit la vague floue
de ma pensée qui chavire sans bruit.
Je trotte trois petites notes
une messe basse enfantine
dans ma tête linotte,
quelques débris d'étoiles
se fracassent sur une larme térébenthine.

Histoire de la pluie



Ce jour là
la fenêtre était ouverte
je pleuvais
l'oiseau est tombé
tombé
il a versé silhouette silencieuse
blessé
une pierre de douleur
disparue
dans une traînée de soleil rouillé
l'aube s'ouvrait
pâquerette bleutée
aux fraîches ailes entrouvertes
ruisseaux pourpres à l'orée des forêts

samedi 9 décembre 2017

Didier Lockwood -Jour de pluie- Round About Silence




Histoire courte de la pluie



Il va pleuvoir

tiens il pleut

petit museau noir

museau gris

museau blanc sur le trottoir

je savais

j'allais me disperser

disparaître

violette

dans ce paysage blanc







vendredi 8 décembre 2017

Histoire de la pluie



J'ai tinté xylophone
une aiguillée de libellules
fil de chrome argenté
à l'étang dans la densité verte,
vase lourd d'huile muette
à l'étale sur les bronzes sourds,
caméléon transparent
sillonnée de jeux félins aux tamis d'or,
j'ai bu le lait sépulcral des nénuphars
me suis endormie dans les fonds sombres
une ombre tressaille dans le dédale noir,
à l'aube et dans le soir des musiques claires
des heures mauve fort
frottées d'iris
subtile chant de l'immobilité




mercredi 6 décembre 2017

Histoire de la pluie




Le chat dort dans le placard
la pluie emberlificote
drache drache drache menue
sur l'oreiller infusent les marquises
pluie merveilleuse catastrophe
dans la lointaine province de Filandres
par le plus doux des contes d'automne
un unijambiste a volé une chaussure ,
pluie pluie merveilleuse catastrophe
à cloche pied
sur le fil de l'araignée danse

Histoire de la pluie



La pluie rêve
ruissellement d'explosions sur la course des nuages
le soleil à la fenêtre de sa mansarde baye
bouche bée mouillée ,
les yeux fumeux gonflés de mystérieux voyages ,
la pluie
des chevaux au grand galop de bronze doré





dimanche 3 décembre 2017




le temps s'est enroulé sur la coquille de l'escargot
si long si long
l'escargot a enroulé le temps
si lent si lent

jeudi 30 novembre 2017


l'aube est silencieuse comme la neige
traces des pas de lune sur la plaine
la chouette a clos la nuit sous ses ailes
l'arbre est immobile sous les dents du gel
silhouette aiguisée de dentelles craquées au poignet des demoiselles ,
sur la fenêtre glissent les vaisseaux bleus muets
chambre allongée de rêves
telle une île abordée par l'hiver
le ciel océan gros ventriloque de flocons blancs
bas si bas bientôt au seuil de ma maison ,
marmonnant , alourdi , j'entends son ventre racler la pierre,
constellé de trous,
bedaine percée où sifflent les merles ,
il fuit d' oiseaux de saison
d'embruns de soleil , d'alphabet musical ,
de glaçons teintés de sable  , légers pieds de cristal , en cape torsadée,
de becs d'ébène et gorges ouvertes de statues,
d'une soudaine fougue s'échappe une vivacité  rousse,
un saut d'écureuil , un éventail souple de fugueur ,
file ,
pelisse  des moissons bondissante sur la colline,
les bogues en roulé boulé d'automne
piquants gymnastes sur les tapis volants de feuilles,
babil des ruisseaux verts petits pleureurs des bois ,
frôlement gris du lézard dans les broussailles ,
roulis des galets sur la peau d'un sommeil , couvée de dunes ,
quatre heure de myrtilles dans le panier noir et touffu des forêts,
il mâche des poupées de maïs,
et crache des peaux de blé
les yeux poussiéreux  brouet des meules,
souffleur de verre où s'embrasent des maelströms de lumière,

la chouette a clos la nuit et l'hiver sous ses ailes
le ciel crevé d'étoiles ,
un arbre jamais planté
un oiseau jamais chanté
qu'on entend ,
l'entendement du monde
et son escorte herbier de neige
qu'elle a trouvé .












mercredi 1 novembre 2017




         


                                La femme et l'enfant sur la photo
                                              de noir marchant
                          chassant la maison blanc vif derrière leur sillage,
                                        le jardin ,
                                         personne autour ,
                                    la petite fille cligne des yeux
                        les doigts en éventail sur le front trempé de lumière,
                                l'ombre s'ouvre sur le mur de pierre,
                                     les pommiers en fleurs,
                           les pommiers grimpent le long de la muraille,
                                    corolles de pleurs fleuris
                                      les pommiers dépoitraillés,
                                      les pommiers en fleurs.

samedi 21 octobre 2017



Automne




Les feuilles d'automne
laissent traîner de longs mots rêveries
frôlant les liasses du ciel à la peau vernie

un bloc bleu

 les oiseaux
boules de vent

les moineaux craquent les miettes d'un petit soleil jauni
infimes éclats de biscuit chaud


les allées pâles des nuages
à l'aube brouillonnent des fleurs penchées aux ruisseaux


les cernes bleuies sur les mains du temps
où viennent s'épeler les couleurs déchirantes de la nuit

muance des feux d'eaux
parfum de brindilles cassées
dans le sommeillage  cotonneux des nuées
mon coeur frissonne
dans la violente douceur des longs mots de lune
fugaces intemporels , couleurs tendres
qu'on ne peut saisir tout à fait
sur lesquels on pourrait presque marcher
un trou au cœur où viennent nicher les lueurs de la pluie












vendredi 23 juin 2017



Je voulais monter le poème
sur le dos du zèbre
mais il est resté penché au bord de la falaise
le vent l'a couché dans les herbes
la pluie l'a rincé de terre
l'océan  l'a précipité au gouffre des baleine
il est tombé dans l'oubli à ne pas faire
le dernier vers dont je n'ai pas trouvé la rime
pend au bout de la ligne



dimanche 1 janvier 2017



Un escargot bave lentement sur ma feuille
son écume efface les mots
j'ai écrit
il a fait son travail
il a fait sa trace en effaçant la mienne
escargot tout chaud
des rêves et des cauchemars
presque rien de presque noir
presque tout de presque rien
un ciel de chien gris
à gueule ouverte de langue rose