Les premiers mots de l'aube
le mot de la forêt
la brindille qui craque sous la patte du tigre
le mot nomade
s'imprègne du chant des arbres
les poitrines se rétractent
la peau frémit
les buissons d'oiseaux explosent
une douce grenade
le soleil murmure sur le toit de l'aube
ce tout petit trou noir
la pupille aux étoiles.
Ce pays où nous allons en dormant
le monde des songes
nous croisons nos morts
nous n'avons plus faim
nous n'avons plus froid
la vie est ainsi la mort est ainsi
et cela change tout.
Les premiers mots de sable
grain à grain
les peaux brûlent
Les premiers mots de glace
l'oreille gelée
Les premiers mots de l'eau
La main qui la frappe et veut l'attraper
Les premiers mots du rythme
la main sur la peau et l'écho dans la montagne
les aubes du moulin dans la rivière
la noria du sang du fleuve
Le premier mot de l'océan
la terre
le premier mot du vent
c'est la plaine qui l'a chanté déroulé dans ses blés
Premier mot humain
la recherche du mystère
nous mangerons la neige,
nous trouverons les pierres
les pierres sous lesquelles volent les oiseaux,
les pierres sur les landes mauves de chardon
nourries des quatre saisons
la musique , première couleur dans la nuit.
Le soleil murmure sur les murs de ma rue,
le soleil murmure Bach est à la rivière,
je passe clandestine sous les phrases de l'eau
d'autres phrases et d'autres phrases d'où je m'embarque
où j'arrive et où je viens
le sombre pressentiment de tant aimer
ces terres pommelées où les morts vivent d'amour
ces morts plus vivants que les vivants
ces morts mon amour qui pleurent gémissent
ces pierres que nous avons trouvé agonisantes.
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