Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

vendredi 12 décembre 2014

mercredi 10 décembre 2014




La mer a ses façons
la mer boucle les rochers de fluettes campanules
bouches d'or presqu'île d'herbe aux nègres écumes
La mer a ses façons délicates
          ses échappées radieuses
                      ses anthracites fluides
                                         fluette campanule
                      bouche d'or ventre rose
                                  presqu'île d'herbe aux nègres écumes
                                                 anneaux de saturne
                                                           folles saisons des boréales
                                              presqu'île d'herbe au cristal de flûtes d'ébène
                                                  nuages aux parfums dansés 
                     le temps les porte sur un trait de plume

samedi 29 novembre 2014




L ' été traîne quelques nuages derrière lui , les poils humidifiés de feu  , le fleuve se fait plus bruyant, les petits cailloux se frottent  les uns contre les autres dans une glissée plus filante , des briquets d'eaux , j'aime l'automne .
Comme si tu ne pouvais mourir , un petit silence sous le porche .
J'aime le ciel bas , là - bas ,  la plaine d'automne déserte  son manteau  épais  où le vent joue ,
les oiseaux se sont enfuis dans les halages rosés du soleil flou , de la berge les fumées des derniers feux  s'évanouissent .
La soirée oscille du gris chaud minuit  aux soupçons de jaune aux minces herbes , un trait d'horizon d'encre prend froid  et se mouche dans nos yeux  , sur la langue la première pluie , la trace du battement de coeur d'un oiseau , des penailles d'étoiles coulantes glissoires sur le flot .






Tu me demandes l'été
c'est l'hiver mi cuerpo
le passage des saisons
le grain préservé au creux de la pierre
la pierre au repos
le passage de la lumière
le grain calciné
le grain levé
lèves ton visage mi cuerpo
la harpe tressée des torrents.

c'est l'hiver qui danse , sauvage la rivière ,
sa peau sous la glace lève les épaules à la nage ,
gerces profondes bleu d'émail, une perle au creux de l'oreille ,
les pas du soleil crissent sur la neige
c'est l'été qui l'embrasse à la rive frileuse
un baiser de joue rouge
un lever de quartier lampe chinoise,
c'est le grain qui bouge et tombe ,
lièvre au gîte , la terre brune , coquillage de pomme,
ventre au tapis odorant des feuilles,
bouliers de noisettes,
les oreilles des écritures lustrées de poils de martre ,
les billes d'yeux des insectes, piquantes  brodées d'ambre,
radicules , fluettes chevelues tissent l'herbe et la motte.

Le solstice des attentes patientes
je viens comme tournent dans le ciel corbeaux,
sautillent brillant rois des plaines
 lèvent l'aile et claquent éventail à l'hermine ,
je viens la lumière entre les pierres levées
tu me demandes l' été ,


c'est l'hiver mi cuerpo
                   la harpe tressée des froments , flottille de gueules ponceau,
les ailes du moulin  brassent les orges et les malts ,
                                  les brunes germées de miel , les écheveaux de soie,

c'est le printemps violette
                        qui rassemble et ranime
au dossier des collines la rosée du soleil
                                veille la nomade débâcle du fleuve,

c'est l'automne
                      nuée d'étourneaux montent des rousses terres
 soleil noir aux lèvres des nuages
                                       vibrantes cuivres de cymbales ,

tu me demandes l' hiver ,
            c'est l'été ,   des sables légers ,    rubans de lacs ,
   des boucles de brebis , nattes de parfum
                                            de l'une à l'autre sur la montagne ,

le passage des saisons sur les rides du fleuve ,
                                  il est minuit  felicitado, c'est l'été ,
les doigts des hommes lisant le monde
                                            sur le visage de la plus vieille femme





.
Passeurs de silence
passagères de plumiers invisibles
traversières de mélancolie
songerie de roman de nuit
matin secret
plaine ouverte
fenêtres au coeur de l'oeil de la vie
veilleuses du monde
flânerie tendre sur l'envol d'un pinceau de lucane
brisure de coquille
fêlure du carreau
un calicot de coquelicots
gent piquée de fleurs forgées
gente ailée, d'écailles, de peaux de mocassins
de chasse de mohicans
gente de danse du soleil
gilet de commis voyageur
combattre hors des portes et des murs
lever les filets les hâler tout le long des canaux de fenêtres
les hisser, des mailles de haillons d'eaux et passagères de plumiers invisibles.

samedi 22 novembre 2014












                                                 Tempête de neige   /  William Turner  /

vendredi 21 novembre 2014

Je rêve une chaise
un flocon de neige
je tombe sur la fenêtre bleue
de ma caravelle
je sombre.

je dors
assise sur le sable
un coquillage ouvert
je rêve sur la plage
de mon enfer
je tombe.

Je donne
assise sur un mât
mon amour
je sombre
étrange cavalière
dans la douleur d'une ombre.

Je rêve
 sur un oiseau
de l'étendue du monde
cruel
déchirée de mon pas
muette et ronde.

mercredi 19 novembre 2014

dimanche 14 septembre 2014





Le chat dort dans le placard
la pluie emberlificote
drache drache drache menue
sur l'oreiller infusent les marquises
pluie merveilleuse catastrophe
dans la lointaine province de Filandres
par le plus doux des contes d'automne
un unijambiste a volé une chaussure
pluie pluie merveilleuse catastrophe
à cloche pied
sur le fil de l'araignée danse





Solitaire le long du fossé
je jette les violettes carnassier froissé
sous les chemises de famine
je jette les ombres aux lumières d'essaim
les lumières aux ombres gibecières
je jette les violettes au fossé.
Un chien à la barrière aboie
les frelons frisent les tuiles des maisons
solitaire je me jette à la route
l'horizon tranche sa grenade d'explosion muette
les larmes coulent émue d'une mer étale de fruit mûr

samedi 16 août 2014







Pluie lue-divine

les aréoles de myrte

exsudent leur moiteur

sur les flancs des collines,

au loin, les derniers fantômes impriment les nuages,

des pêcheurs fendent le flot

de leurs lourdes rames,

sur la grève des vapeurs blanches d'oiseaux glissent

s'élèvent des tombeaux,

 pieds d'ange

qui laissent sur la pierre

une courante sente  de fleurs

imaginaire enfant sur une phrase, un cheval errant,

mains dans la main du temps

tu chemines sur ta chimère

à travers la redoutable terre,

pluie bue-divine

un voile de vent secoue l'échine d'océan ,

 merveilles et douces impatiences,

sur la grève s'élèvent

des vapeurs claires de chair d'oiseaux ,

un château de pluie

décline  les soleils collines dans tes cheveux feuillage persistant

 empreintes des parfums

nos pieds dévalent jusqu'à la mer

pour y baigner leurs rires d'air

vendredi 8 août 2014

lundi 21 juillet 2014






Je ne sais pourquoi
l'encre sèche si vite,
ni pourquoi certain soir, si triste,
tant de fois un secret tenu, une joie qui craque


je lève la tête
je soulève les yeux
l'après midi est bleue
le soleil majuscule
brûle les rues ouvertes à ma rêverie d'ombre
mais la feuille est déserte
et quelquefois il pleut
le monde  bouge, tremble,
vacille et vit à l'instant qui se tait


samedi 12 juillet 2014









Gustave Courbet 

jeudi 12 juin 2014






Les oiseaux feuillettent les nuages
et cela ne leur fait pas mal
est-ce qu'il fait beau
est-ce qu'il fait mauvais
il fait chez moi
une forêt de pluie de cordesd'étoiles et d'orage





lundi 26 mai 2014







buissons d'oiseaux
petites voyelles noires fermées
ciel  limoneux  percé de fuseaux horaires de lumière
petites têtes de pluie ouvertes




mardi 13 mai 2014




La nuit a ouvert l'enclos des troupeaux
leur souffle puissant une poitrine noire d'alcôve
museaux humides cornes à la foulée des haleines chaudes de sable
vermillent les pacages des prés à l'abandon ,
buissons d'aube , chèvre pied-vermeil ,
la courbe échine nègre sur le fleuve
encorne les capes de brume et d'or
et gronde la flambée des âmes ,
auprès des arbres
lignages de lunules de l'aube
au diable les couronnes
auprès des arbres le désespoir survient
auprès , nulle colonne de chiffres
auprès des arbres terrasses des hommes
au diable les couronnes qui fanent.
Le noir n'est pas la peur ni la nuit ni l'heure
c'est cette corne qui pointe au jour de la vie,
cette corne qui fait mal , ce cri qui inspire et expire.
Auprès des arbres
non loin de la terre, à l'humus auprès des arbres ,
fragile entêtée , je souris ,
à l'humus enlacées les violettes sous l'ombre douce des forêts
grouillantes d'insectes et de vie et de mort brusque ,
juste place étendue sous les lignages d'oiseaux brisés
à l'humus de la terre surgie .

dimanche 16 mars 2014

lundi 3 février 2014

samedi 11 janvier 2014

mercredi 1 janvier 2014

Poème de Robert Ganzo / Lespugue /







                                                              
La Vénus de Lespugue










Lespugue


L’ultime pas, le dernier feu,
tout signe, le chaos l’efface.
Rien que des vents plein de froid bleu
entre des mâchoires de glace.
Dans l’ombre de ton lourd sommeil
parmi les neiges et les pierres,
un premier rêve éclôt, pareil
au gel qui brûle tes paupières.

Ton souffle comme une eau s’élève
vers quel fleuve encore incertain ?
Ouvre les yeux au bout du rêve ;
voici l’aube et le ciel s’éteint.
C’est donc ici ? Faims, soifs, saccages,
tumultes : nous fûmes conduits.
Seules tes mains, comme des cages,
gardent ce qui reste des nuits.

Comme les dents d’une morsure,
te levant quand je me levais,
tu me suivais esclave sûre,
et peut-être, je te suivais,
esclave sans effroi, moi-même.
Ainsi, mornes, indifférents,
accouplés, deux signes errants
dans l’hostilité d’un ciel blême.

Bois immobiles sans poussière ;
lacs noirs où rien n’avait baigné ;
chemins de sang ; haltes de pierre :
au gré du troupeau résigné
nous fûmes conduits. Tout s’efface.
Au bout du rêve ouvre les yeux ;
rien que ton corps chaud et frileux ;
rien que mes yeux de bête lasse.

Le jour. Regarde. Une colline
répand jusqu’à nous des oiseaux,
des arbres en fleurs et des eaux
dans l’herbe verte qui s’incline.
Toi, femme enfin- chair embrasée –
comme moi tendue, arc d’extase,
tu révèles soudain ta grâce
et tes mains soûles de rosée.

Tes yeux appris aux paysages
je les apprends en ce matin
immuable à travers les âges
et sans doute à jamais atteint.
Déjà les mots faits de lumière
se préparent au fond de nous ;
et je sépare tes genoux,
tremblant de tendresse première.

Où finis-tu ? Je t’ai laissée
Dans la chaleur de notre abri ;
mais tu marches dans ma pensée
et me dépasses, comme un cri.
Les loups n’ont pas clameur plus grande
lorsque s’abat celui qui meurt ;
et les vents n’ont pas la rumeur
que je porte ainsi qu’une offrande.

Je te laisse et tu m’accompagnes
jusqu’aux pénombres de ces bois,
dans ces ravins, sur ces montagnes
où se déchirent les nuages ;
et dans mes mains, lorsque je bois,
c’est ton visage que je vois,
le premier de tous les visages
ouvert pour la première fois.

L’ombre monte et tu m’es ravie.
Jusqu’à tes confins poursuivie,
tu t’endors. Et moi, vigilant,
j’écoute l’oiseau te frôlant,
les sources, les bruits de ta vie
venu de son plus lointain gîte,
et le feuillage gris qu’agite
un souffle plein d’appels et lent.

Où finiras-tu ? Quand je retrouve
tes bras qui m’attendent, tes fièvres,
et le mystère de tes lèvres
pareilles à ce feu qui couve ?
Tu souris aux abords du règne
où va ton regard pénétrant ;
et ta force, comme un torrent,
jaillit de ton ventre qui saigne.

Si ma fureur prise à la grappe
de ton corps tranquille et puissant
crie et se mélange à ton sang,
ton visage éloigné m’échappe.
Ta chair immense que j’étreins
riait et pleurait dans ma moelle,
et je trouve, au fond de tes reins,
la chute sans fin d’une étoile.

tout signe, le chaos l’efface.                                                           
Rien que des vents plein de froid bleu
entre des mâchoires de glace.
Dans l’ombre de ton lourd sommeil
parmi les neiges et les pierres,
un premier rêve éclôt, pareil
au gel qui brûle tes paupières.
Ton souffle comme une eau s’élève
vers quel fleuve encore incertain ?
Ouvre les yeux au bout du rêve ;
voici l’aube et le ciel s’éteint.
C’est donc ici ? Faims, soifs, saccages,
tumultes : nous fûmes conduits.
Seules tes mains, comme des cages,
gardent ce qui reste des nuits.
Comme les dents d’une morsure,
te levant quand je me levais,
tu me suivais esclave sûre,
et peut-être, je te suivais,
esclave sans effroi, moi-même.
Ainsi, mornes, indifférents,
accouplés, deux signes errants
dans l’hostilité d’un ciel blême.
Bois immobiles sans poussière ;
lacs noirs où rien n’avait baigné ;
chemins de sang ; haltes de pierre :
au gré du troupeau résigné
nous fûmes conduits. Tout s’efface.
Au bout du rêve ouvre les yeux ;
rien que ton corps chaud et frileux ;
rien que mes yeux de bête lasse.
Le jour. Regarde. Une colline
érpand jusqu’à nous des oiseaux,
des arbres en fleurs et des eaux
dans l’herbe verte qui s’incline.
Toi, femme enfin- chair embrasée –
comme moi tendue, arc d’extase,
tu révèles soudain ta grâce
et tes mains soûles de rosée.
Tes yeux appris aux paysages
je les apprends en ce matin
immuable à travers les âges
et sans doute à jamais atteint.
Déjà les mots faits de lumière
se préparent au fond de nous ;
et je sépare tes genoux,
tremblant de tendresse première.

Où finis-tu ? Je t’ai laissée
Dans la chaleur de notre abri ;
mais tu marches dans ma pensée
et me dépasses, comme un cri.
Les loups n’ont pas clameur plus grande
lorsque s’abat celui qui meurt ;
et les vents n’ont pas la rumeur
que je porte ainsi qu’une offrande.
Je te laisse et tu m’accompagnes
jusqu’aux pénombres de ces bois,
dans ces ravins, sur ces montagnes
où se déchirent les nuages ;
et dans mes mains, lorsque je bois,
c’est ton visage que je vois,
le premier de tous les visages
ouvert pour la première fois.
L’ombre monte et tu m’es ravie.
Jusqu’à tes confins poursuivie,
tu t’endors. Et moi, vigilant,
j’écoute l’oiseau te frôlant,
les sources, les bruits de ta vie
venu de son plus lointain gîte,
et le feuillage gris qu’agite
un souffle plein d’appels et lent.
Où finiras-tu ? Quand je retrouve
tes bras qui m’attendent, tes fièvres,
et le mystère de tes lèvres
pareilles à ce feu qui couve ?
Tu souris aux abords du règne
où va ton regard pénétrant ;
et ta force, comme un torrent,
jaillit de ton ventre qui saigne.
Si ma fureur prise à la grappe
de ton corps tranquille et puissant
crie et se mélange à ton sang,
ton visage éloigné m’échappe.
Ta chair immense que j’étreins
riait et pleurait dans ma moelle,
et je trouve, au fond de tes reins,
la chute sans fin d’une étoile.
Où finiras-tu ? La terre oscille ;
et toi, dans le fracas des monts,
déjà tu renais des limons,
un serpent rouge à la cheville ;
femme, out en essors et courbes
et tièdes aboutissements,
lumière, et nacre ombres et tourbes
faites de quels enlisements ?

Vals que l’été gorge de sève,
je vois tes seins s’épanouir
et parfois ton ventre frémir
comme un sol chaud qui se soulève.
Tu m’apaises et je m’étonne
de ces pouvoirs que tu détiens ;
et je sais, femme, qu’ils sont tiens
les miracles roux de l’automne.
Ta voix chante les longs passages
de nos frères multipliés
aux horizons, et leurs messages
noués au tronc des peupliers ;
les noirs charniers des jours torrides
les faims, les soifs insatiables
et le rire égrené des sables
déchirants des poitrines vides ;
les griffes, l’empreinte des dents,
les flammes vacillantes dans
la nuit des plaines infinies, la sèche attente des momies,
le dur et blanc dédain des os,
l’ordre frappé sur la peau morte
roulant aux ailes des échos,
et tout ce que la terre porte.
Et chante aussi que tu m’es due
comme mes yeux, mes désarrois,
et des cinq doigts d’ocre aux parois
de la roche où ta voix s’est tue.
Le silence t’a dévêtue,
- chemin d’un seul geste frayé –
et mon orgueil émerveillé
tourne autour d’une femme nue.
Première et fauve quiétude
où je bois tes frissons secrets
pour connaître la saveur rude
des océans et des forêts qui t’ont faite, toi, provisoire,
île de chair, caresse d’aile,
toi, ma compagne, que je mêle
au jour continue de l’ivoire.
Ton torse lentement se cambre
et ton destin s’est accompli.
Tu seras aux veilleuses d’ambre
de notre asile enseveli,
vivante après nos corps épars,
comme une présence enfermée,
quand nous aurons rendu nos parts,
de brise, d’onde et de fumée.



Robert Ganzo  /  Poète vénézuélien d'expression française  /  1898 - 1995