Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

mardi 14 septembre 2010

Poissons de pieds.


















c'est ma mère qui m'a appris à me laver les pieds,
plus tard , j'ai su que si je savais me les laver
c'était la grâce enveloppée de son bras confiant ,
son bras qu'elle avait abandonné au jardin,
dormant à la chaise longue de bois
la toile tendue dodue de son ovale,
bouche entrouverte, une jonque filet de roses assoupies sous la haie.
Elle sentait le savon frais,
à la veine de sa tempe gouttait le ru,
des sillons de langue de soleil tremblant,
la cire du parquet gouachée,
j'entendais l'ocarina bondir en troupeaux blancs de billes
sur les carreaux de faïence,
les huiles de lin glacis d'été glisser sur mon enfance,
le couteau dans le pain du dimanche,
la trace de la grâce et personne d'autre que cela.
Tout était dans ses bras charnus
un vase fuseau à la taille de cotonnade tiède,
une alliance ronde de grains de peaux.
Je lisais l'eau claire, à l'écho
la cuvette d'émail
les linges de l'eau
leurs éclats sautant les fleurs à pieds joint,
le trottoir éclaboussé d'automne diamantaire
penché de ruisseaux , giboyeux de boutons de nacre.
Les passants veston sur l'épaule
ces bleus soleils leur riaient aux basques,
joyeux, ils sifflaient au bain , au bain ! Les brodeuses d'eau !
Les dentelles de grand- père
les draps des lilas dans les chaudrons,
au bain au bain dans les dés à coudre
Au bain passementières !
fleuries de jaune souffre
et violettes jambières.







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