Tiens il pleut

Tiens il pleut
Tiens il pleut

mardi 31 décembre 2013

Ligne atlantique





Le chant de la sardine ,
le soir , au bord de l'huile ,
le chant de l'évasion,
le show de la sardine en string
dans la boite embouteillée de zozos .
Elle glisse sur le swing, en solo,
une plume phospho dans l'arête
elle double marylin
elle roucoule de bulles ,
elle susurre la complainte de l'ondine,
bas de tulle ,  bottines de starlette.
Elle descend de l'escabeau ,
puis imprévisible,
elle pique nos têtes avec une fourchette,
 le trident de neptune,
nous range , nous aligne , dos à dos,
dans sa conserve , au chaud,
ferme le couvercle, du bout de son talon,
et d'un grand coup d'échine
saute sur la dune plastique
et rejoint bientôt, la piscine
pour faire quelques lignes,
divine, dans son petit maillot.
L'océan est vide à présent,
la sardine a pris le métro
pour des futures planètes maritimes,                 
 la petite robe d'été du poisson volant
elle a emprunté la dernière rame,
a jeté son string par le hublot,
elle jette la clé métallique ,
de la boite  nous sommes prisonniers,
attachés , dos à dos, pied à pied  tête à tête ,
le bec dans l'huile ,
au bain , marris ,
à four bien chaud,
à perpette ,
et l'océan est vide .

dimanche 29 décembre 2013

La pluie n'était pas triste
les chevelures feuilles du vieux parc
aux arbres offraient le soir ,
le soir pleure dans les rousseurs ,
les huiles et les eaux d'un soir ancien  
les pointes de parfums
la touche légère inattendue d'un pays intérieur
d'où je viens  où je suis  où je pars où je reviens,
moi aussi je partirais 

samedi 7 décembre 2013



Bourrasque  ,
j'aime la façon de tes yeux
tu restes si droit
et tes épaules marchent vite
un pan entier de bourrasque,
ton regard un éclat
ta bouche une virgule contagieuse,
tu devances la rue d'une tête,
ce n'est pas que tu sois grand ou petit
il me semble que ton regard
passe en dessous du mien et le soulève de douceur violente
de rire et de terre ,
taillés les yeux comme des roseaux par la flamme
et les ombres impermanences loquaces
qui affleurent les bleus sombres voyageurs.
Tu secoues mes cheveux
comme nous secouons les arbres en passant,
cette urgence rieuse, oiseaux d'écume bouillonnante.

Où allons -nous
nous ne demandons pas
qui sommes nous
nous ne savons pas bien cela.

Sur des petits papiers
nous inventons des mots
barbelière
nezamouque
pastra file
et les heures glissent sur les graviers des rivières,
l'odeur du coucher de soleil

Le sentiment de ne pas y arriver ,
les yeux crevés
l'odeur débordée du soleil

jeudi 21 novembre 2013







  Une étournelle avec deux guiboles de fil de fer , elle descend la rue en sautillant , c'est l'heure des godillots et des gamelles en émail bleu, un peu craquelées sur les bords,
les lippes se dessoudent, l'oeil du gros costaud appuyé au zinc frise gouailleur , il se retourne , nous regarde , éclate d'un énorme rire et nous dit "qu'est ce que vous faites là les deux pinsons ? " Un p'tit thorez pour la drôlesse ?
Au petit bistrot du coin, à la proue du bateau , les godillots couverts de poussière, , les yeux au ras du flipper , le bruit des verres qui s'entrechoquent, les sillons des lanternes qui envahissent le trottoir et la fumée bleue qui sort des narines des fenêtres, les mains râpées de paille de fer, les yeux aiguisés de limaille, les nez piquent dans les verres , les nénuphars vin clair, ballons de robes et de cerceaux, derrière les gonds de la porte de bois vermoulu la rue file sur les pavés disjoints, les cartables gonflés de nattes, de mains, de plumes, de chaises cirées , les sacoches s'ouvrent sur la nappe du soir.

Le vieux fort gris transpire, des sueurs d'été zébrant le vieux mur du dormeur de lune , la mer de lumière perle sur les sabots roux des ormeaux .

Les feuilles du lilas en cochenille mauve ondulent au jardin, d'ombre mon nez se fronce, je sens la suie du crépuscule sur le front de la ville l'embrasser de ses monts.

La porte du jardin crisse et les pierres sous les pieds piquent vifs le retour, l'après souper de brune, bouche rouge sur la claire nuit.










 L'oreille et la bouche constituées au près de l'arbre
aussi près que le je et le nous s'embrassent
comme on tient la parole levée dans un silence
un silence embrasé
un feu qui ne brûle plus ne brûle pas
n'aveugle plus n'aveugle pas,
éclaire,
relief de lumière, l'ombre est douce, une phrase inachevée
et nous nous voyons en entier, le je des pluriels,
le nous des rires et des pleurs,
de partout les collines en mouvement, avalanche lente,
corps précieux regards courbés de larmes
vigoureux et fiévreux , paisibles les chats s'endorment aux pieds des oiseaux.
Creuser creuser la terre jusqu'au sang
sourire au premier jour de la nuit
la dernière nuit du premier jour
une brèche ouverte à la chair de nos poitrines ,
le fleuve bat .
Nous sommes vivant
vivant nous sommes et serons , ainsi le temps du lieu.
Les mots sont couchés sur l'herbe
des ruisseaux de rires,
ils sont perdus dans l'herbe
il nous faut les retrouver,
parole , il nous faut la chercher.


Ils elles peuvent faire du bruit dans l'immédiat
ce n'est pas grave

ils elles peuvent être recommandés et recommandables

 
le bruit la rumeur dans l'immédiat

Ils elles se tairont

 les a fait taire respirer
se taisent et se tairont ,

C'est Mozart reconnaissable entre tous

C'est Mozart

Il y a    il est là
enveloppé  dans le silence d''un soir d'été
pas le sommeil
pas le silence comme les hommes l'entendent et le disent
l'interruption du silence
  

mercredi 13 novembre 2013

lundi 28 octobre 2013

                 


                                 La femme et l'enfant sur la photo
                                              de noir marchant
                          chassant la maison blanc vif derrière leur sillage,
                                        le jardin, personne autour,
                                    la petite fille cligne des yeux
                        les doigts en éventail sur le front trempé de lumière,
                                l'ombre s'ouvre sur le mur de pierre,
                                     les pommiers en fleurs,
                           les pommiers grimpent le long de la muraille,
                                    corolles de pleurs fleuris
                                      les pommiers dépoitraillés,
                                      les pommiers en fleurs.











Déjà publié en 2010 et  2011 , alors 2013

samedi 26 octobre 2013

                                          


                                      Avec les ficelles de nos sacs
                                                   nos semelles
                                                 un bout d'étoile
                                                la lucarne du ciel
                                         nous ferons du feu dans la neige
                                                une mèche de vent
                                          sur l'encolure des chevaux
                                             demi - fou demi -ivre
                                              
                                                  
                                                
                                                 

jeudi 24 octobre 2013

Oscar Peterson trio













                                 Le saule pleure de chatons mimosas ,
                   les jonquilles au pré lèvent la tête à la douce heure qui boit la sieste bleue,
            les mousses éponges de verveine blotties sous la ployée de lumière, froncent l'étang ,
                       ses liqueurs frissonnent d 'alevins , ventrus blancs,
               des chants d'herbes appareillent,  la carpe à l'oeil de cerceaux d'agate,
                 des colliers des sautoirs des plongeons , des cordes à sauter ,
                                  petites filles des récréations,
                                       des nattes de jonc,
                        sur le bord de la rive nous tapons du pied
             et les têtards boule d'alphabet nouveaux- nés s'ouvre et se ferme
                une fleur d'eau noire pulse et bat à l'impact mat de nos pas
                            dans la verdeur calme de l'eau,
             au loin , la maison perce ses premiers bourgeons sur les murs de rousseur,
                       son teint de lait , passoire de sons ,
              l'épeire a brodé un diadème étiré sur la lucarne du grenier
                            elle recommencera demain à l'ourlet des rosées du levant,
                                   fine brodeuse sous sa pèlerine de mica
                                          couronne d'arc en ciel
                                              enfants de printemps
                                                demain la mer
                                   je m'endormais avec elle dans mon coeur
                                               un petit sac de sable .
                      Nous ne sommes pas allés si loin que les cap horniers,
                                        pilotins de cassonade
                              tartine brune renversée crissant sur le sable
                                              écraseurs de crabes
                                          sous les plantes de pieds
                                les diamants de rocaille,
                                      les pommes rouge caramel barbouillées
                        à la bouche , criant à la bourrasque
                                    levez le pouce
                                     levez les voiles !
                            Fuyons , alevins dans la nasse ,
                     touons les orpaillages aux blanches gorges enfantines
                                       bois de vent
                                         cheveux de bataille
                     mousse d'écume entortillant le ventre de serpents à têtes d'algues,
                    dans les flots fuseaux d'acier ouvrant la poitrine
                 les jeunes apprentis cherchent les grandes baleines blanches.
                              Nous sentions la mer nous emporter,
                        grappes de bras, épaules saillantes
                            alysses maritimes s'amuïssant aux salines
                                           entremêlées de lames d'azur,
                               couteaux brillant sur l'horizon en fuite
                              nous tenions la mer entre nos cuisses
                         chevaux indomptables foulant les brisants,
                                  cavaliers d'infortune
                     nous battions la vague , cracheurs de spume,
                           la terre sur un dernier souffle,
                                                             volupté terrifiante,
                       poitrine palpitante de vases éventrés.
 
                                     Un petit sac de sable

samedi 19 octobre 2013

                                            









                                                    Rouge
                                                soir aux têtes d'arbres
                                            petites gueules de renards
                                           dans le grésil noir des rues
                                            des glapissements pointus
                                                 tarde tarde un peu
                                         les mouchoirs bleus les yeux de bistrots
                                               tarde tarde un peu
                                              derrière les carreaux

                                                        bleues bleues
                                                       petites bouches
                                                 aux bouches du métro
                                  petits oiseaux noirs sur les cordes contrebasse
                                                  bougent les pattes
                                          pétulant sur les rambardes
                               un colleur  d'affiche assis sur le marchepied
                                                     rue blanche
                                                    têtes d'arbres
                                  pointes de moineaux petites gueules de renard
                                          


Anita O' day


mardi 15 octobre 2013

                                                     





                                                  Un petit matin de brume hallucine les rues citadines,
                                  des petites formes glissent sous les réverbères en cloche,
                              des serpents de trains clignotent leurs guirlandes
                                                                        avalent constricteurs les pieds, les semelles
                                                                        les jambes , les nylons ,
                                                                             les portes jarretelles ,  les caleçons,
                                                                                     les épaules , les petites mains,
                                                                                      les chapeaux , les secrétaires , les valises,
                                                 les poches à crayon , les équerres , les architectes ,
                                            un garçon de chantier  , une paire de lunettes , des lettres secrètes,
                                                          des livres aux pages cornées ,
                                                       les paupières et les bouches froissées de sommeil ,
                            des nids d'hirondelles des rayures de ciel,
                          des pas silencieux dans la ville,
                              l'aube est tranquille
                                   calme
                                     les  tisons reprennent feu
                                                     une porte s'ouvre
                                                       quelqu'un est parti tôt
                                                                         on ne sait où
                                                                  un enfant se frotte les yeux dans la cuisine
                                                                                        une tasse de café chaud sur la table .

dimanche 13 octobre 2013

Erroll Garner

















                                                 Promenade dans les bois
                                                            promenade
                              la terre est ronde  , chemin assoupi , blanche heure ,
                                 le ciel est dessus nos têtes , pétillant de sarcelles ,
                                             les arbres tournent de l'oeil ,
                                                l'approche de nos pas,
                               les gnomes jettent des pierres en sifflant les poissons,
                                                     le lac au repos,
                                   le souffle de nos bouches danse sur l'air
                           s'éparpille comme oiseaux sur un coup de tête du vent ,
                                         des nuages comme des couettes
                                  glissent des balles de coton sur les grands champs
                                  les allures de l'hiver rentrant ses troupeaux ,
                                          chaumières ensevelies de paille
                                          nos mots chuchotés à moitié
                                                  des rires sans dire
                                               des douceurs sans faire
                                        nos haleines sur l'air des pas lents
                                                   oreilles bleuies
                                            col de laine nid brindille
                                         vapeurs de lune sur le ciel étincelant
                                 une tache rousse, un chevreuil bouge les branches ,
                               le soir s'enroule frileusement sous la lueur douce lustrée
                                         du ciel de neige qui descend sans bruit
                                                  uniformément doux gris,
                                                   l'aile d'un flocon ,
                                               



                                                       

jeudi 10 octobre 2013

samedi 5 octobre 2013

Les pageots d'oiseaux







                                                    Les cieux sont changeants
                                                        la mer est sonore
                                                   sang améthyste dispersé ,

                                                            soleil ,

                                           femme citron sur l'oeil de la pierre ,

                                           
                                                  langue de sable déroulée
                               les petits crabes bagotent dans les trous d'eau tiédies,
                                         boutonnière rouge du soir posée ,

                                                             soleil,

                                                   miroir de fruit couché,

                                 
                                             et le vent qui passe dans les arbres
                                              s'amuse à remuer les feuilles
                                                   une bouffée de vent ,

                                                            soleil ,

                                               une voiture passe nuitamment

                                                 
                                              une bouffée tabac bleu d'oiseaux






Fauré / pavane /


Billie Holiday











lundi 30 septembre 2013

Thelonious Monk et John Coltrane






Je suis l'eau
et je prends tes yeux je les enlève 
du fond de la rivière
sur une pierre

Je suis le burin
et je taille tes peines
à petits coups ciseaux patients
sur le dos de tes mains

Je suis l'herbe
et je mêle ton chant
ondulant à mon galop courbe
à travers la plaine, âmes hanches d' étamines

Je suis le temps
qui frappe ta poitrine
étrange instant des réveils
où le mur tremble
où les objets s'animent de lumière
où le chat sorgue assis sur le toit
de borgnon qu'il est, étire deux paupières, liquides pers
et conciliabule avec la cité au soleil, des géants allongés là,
mains de glaise et de feuilles où chantent les lierres,
mystérieux instant où le point s'ouvre
et délie le soleil et la lune en ficelles nègres
peignes d'ivoire aux gibernes de clavecin
beauté et effroi des réveils où je me ploie sur ces cordes de vie,
la Seine une empoignade de tourbe, le pont a bougé ,
les cygnes nagent tout autour de nos chevilles
l'océan qui baigne ma tête de rouges et de vertes îles  amarantes

Et l'automne qui vient
sa main
son flanc pluies rousses
pain de châtaignes
pente ronde de bois  regard d'eau  tourbillon calme
le lit des yeux verts où boivent  et vivent les jours perdus
la nuit s'étend sur la ligne de grains de lune
colline blanche chauve marbre  de corps
de l'eau dans l'encre 
le trait d'aube




E - Manet         Pivoines



                                                    C'est dimanche et je dors
                                                       petit sommeil d'or,
                                                   c'est dimanche je me lève ,
                                            sous ma peau  le chemin de la fièvre,
                                                    c'est dimanche à midi ,
                                           et j'ai faim , petit morceau de pain ,
                                                c'est dimanche , et je vais
                                                     vers la mer de mai ,
                                        c'est dimanche , elle est plane et pierre ,
                                                         je la regarde
                                            sculpter ses poissons de marbre ,
                                                 c'est dimanche et je rêve ,
                                        sur le sable , et sans bruit , l'après midi,
                                            c'est encore son ventre plein
                                                   qui réclame le mien ,
                                          je reviens , le vent dans les mains ,
                                              c'est dimanche et le soir
                                        à l'encre noire du ressac va boire
                                          la gorgée mystérieuse de la nuit,
                                              c'est dimanche à minuit
                                        je m'endors , petit serpent de mort ,
                                                  c'est encore la nuit
                                                 et l'ange volubile  luit

                                                         c'est lundi

samedi 21 septembre 2013

La maison qui vole


 J'entendais avant d'être tout à fait réveillée ,
 du fond de mon lit ,
le tintement de la cuillère dans la tasse de café
le glissement de leurs pas autour de la table ,
les mots feutrés entrecoupés de gestes fugaces ,
 les bruits des objets , les sons des corps ,
 la  nappe  , la main , le visage , les cheveux détachés ,
une épingle est tombée sur le carreau ,
 le grincement du robinet  les petites déflagrations rouillées ,
 la pétarade ronflante ,  le dernier hoquet ,
la carafe ,
le sucrier renversé,
un peu de bois dans le poêle ,
 le lait gonfle  frise  déborde , la grosse peau roussie sur la plaque ronde ,
l'odeur  du chocolat rôti ,
les mats taches d'ombres larges sur le mur s'amenuiser,
 les rideaux s'ouvrir  sur  le matin pâle coulant les enfilades vaporeuses
sur les longueurs de la ville
 chapelet d'ardoises fines ,
dans la cour  de derrière le premier guetteur du toit ,
il  explore une arête, prudemment,
s'arrête, se gonfle et s'étire , file au bas du pavé,
griffes sur la vitre ,  petites serres d'oiseaux de nuit,
se contorsionne la tête aplatie passe  ,
le chat tout plat  dans l'entrebâillement de la fenêtre,
fugueur victorieux rétractile
s'étale  le nez amoureux de brume se léchant le poil  gouttant sur un coupon de dentelle,
je regardais les hirondelles fourrager leurs nids , plongeant leur ventre dans l'air et au dernier moment piquer en flèches sur l'herbe et remonter le long du mur à presque l'érafler d'eau et de terre tombant de leur bec,
ce clin d'oeil au fond de leurs yeux noirs
au vol de leur passage,
la porte claquait et la rue  m'avalait ,
 à l'angle de la rue une chaise un pied cassé sur le trottoir,
le roulement du tram plus loin sur le boulevard ,
 la mer indolente , voluptueuse humeur
buveuse de nuages à la paille  ,
un écho de soleil,
 un petit coin de sourire sur la bouche
 je le salue poliment,





dimanche 15 septembre 2013

Que l'ombre s'allonge et se rétrécisse
j'avais envisagé la possibilité de lui marcher dessus ,
un bond en avant , par surprise,
un petit saut en arrière , par traîtrise,
devant , elle me toisait  , derrière ,  je l'entendais ricaner ,
je m'avouais vaincu par deux rounds à zéro,
je m'arrêtais elle s'arrêtait,
je me parlais
elle se parlait,
 mais à midi très exactement
elle est exactement dans mes chaussures
enfilée comme une peau noire du soleil ,
j'avais finalement les deux  pieds dedans ,
nous nous sommes assises 
nous avons bu un verre de vin rouge  frais ,
histoire de couleur dans cette petite rue
où personne ne nous trouverait .



dimanche 4 août 2013

Tête penchée sur le fil




Je suis dans mon poème
une vie absente
je ne saurais dire
si elle est grande ou petite ,
je ne saurais dire ,
quartier désert où se perdent mes pas
la parole se brise sur ma tête
je ne suis que là où tout m'a quitté
ainsi que la parole brisée
le sous- sol convulsion sinistre,
plus un seul mot ,
obstinée
je me suis tue dans mon poème ,
je l'ai dite la convulsion, j'ai baissé la tête
et le regard baissé dans la gorge blessée
une lettre sans souffle sur le fil voit sa sépulture


Sur la pointe des pieds un arbre
le mieux est de ne pas élever la voix,
Paris est vide ,
monotonie hypnotique de la rue,
des robes dans les vitrines , formes , décors ,
peau de solitude , gant blanc   la lune fait sa nuit ,
tu frappes , il n'y a pas de porte ,tu marches , il n'y a pas de pont ,
une fourmi  passe entre deux sourcils de nuages,
tu chantes , il n'y a pas de notes,
il n'y a pas de clés ,
sur le fil par  l'après- midi brûlant , 
j'ai veillé dans l'immobilité et le silence,
un trou d'endormissement dans le papier,
un trou dans le sablier,
champs de vision semblant se contracter et rétrécir
alors qu'il ne fait que s'agrandir,
je me suis réveillée dans mon poème ,
faïence de fleurs
nous marchons sous les arbres
les feuillages humides et les odeurs vives
quartier de ciel tendre
les chants des sculptures, pierre , bois , argile , bronze,
les oiseaux de pierre , les assiettes d'herbe sirotant le soleil ,
les fruits ouverts d'un couteau de couleur,
la colline chante, un baiser sur le front qui disparaît,
sur le carré de la cour grise, plat lisse , une tache ,
quartier de mer pêcheur d'écume éclaboussant le visage



Un homme était triste
pas comme la pluie
non
pas comme le soleil
non
pas comme la lune

il a posé sa main sur mon genoux
puis l'a retirée
sur l'apparence s'est posé l'affleurement du réel




comme la pluie
non
comme le soleil
non
comme la lune
non



j'ai vu
ma rue grise et tous ses soleils perdus
la lourde porte
l'homme triste


le jardin où chaque course d'enfants passait sous le lilas
la sueur le long de la nuque dévalant dans le dos
les volets de bois mouillés  d'abeilles fraîches,
quelque chose d'ici
quelque chose de la brume de nuit  qui s'élève de la terre du  jardin,
quelque chose d'ici
grand-père à la fenêtre la main sur le front qui garde le soleil ,
bientôt l'arrachement , toutes fenêtres fermées ,
les oiseaux tombés , nuques brisées , cous tordus essorés jusqu'à l'étouffement,
mains flasques de salive sans une goutte de sang




le goût de l'enfance
pas comme la pluie
non
pas comme le soleil
non
pas comme la lune


cette goutte sur la langue ,
respirant l'air doux d'octobre
la fièvre simple de l'arbre ,
cette goutte venue sur ma langue ,
le silence  de la mer qu'un mot brise d'éclats ,
la lune tremblante hourdée d'écume , chaux blanche   et les pâles étoiles ,
mon chagrin qui me suit pas à pas,
l'air est doux, oui , mélodie sans trêve ,
chaque course d'enfants passent sous le lilas,
un  trou bleu dans le coeur, les volets de bois à l'été de grenier,
plage de sable , bateaux de sable ,voiles de papier,
quelque chose de ma ville des langues de poussières à l'échappée de la pluie ,
le square aquarelle d'ailes déchirées où
les oiseaux de brindilles aux plumes criblées de nuages s'envolent ,
 vin fou ,  fleurs fanées , claire solitude d'île au battement des cormorans,
l'intervalle du chant du monde ,
quelque chose du soir , bleu brisé de rochers , violet feuillage de la mer ,
quelque chose  de la force  plaine après-midi ,
le ruban d'une route plate
un galet grisé déroulé jusqu'à l'horizon puissant vert tremblant de fumée de blé,
 des îlots de toits dans un blotti d'arbres s'allongeant d'ombres sous la torpeur ,
la force de la plaine  , ses cieux d'encre sombre mêlés de brusques élans fauve,
tourmente blondie ,
des rideaux de sauterelles claquent sur les vitres ,
une grenouille saute dans la mare,
des coulées de ruisseaux arc en ciel sur la couvée  de silence des pluies,
la table , la fourmi picote la tartine , tout un train de petits vaisseaux noirs aux chaussons de confiture ,
quelque chose d'ici sur  la chaise   , un doigt de sourire levant mon menton vers le sourire  ,   le cerisier , tronc embruni de cotonnades de terre , fumet brumeux de fins ballets  mouvants  monte en lacets,  terre aux pieds nus , et  porte la nuit sur la branche ,
au filant du soleil , la mer calme glisse silencieuse,
un exorde de crayon d'eau au repos d'écrire,
des silhouettes minuscules  d'herbes , têtes  bercées par l'océan,
les yeux effilés d'un trait noir poussières d'étoiles et


la nuit 
 la pluie
 le soleil
 la lune
 oui ,
de la ville 
de la plaine
de la mer ,

crépuscule,
d'un trait d'enfance , mon pays obombré ,
mon jardin où ma tête se penche,
 paysage ouvert où l'écriture est entrée,
 d' un trait ininterrompu
et tout ce pays s'échappe
je ne saurais dire ce que c'est d'écrire,
peut être une maladie de lune






                                                                       


                                           

















l'heure n'est pas une heure


                                                                                                            Le jardin sonne
                                                                                                         ronde
                                                                                                       rondeau
                                                                                                     feuilles et roses
                                                                                                   calmes et closes
                                 

                                     Tige après tige
                                       feuille après feuille
                                          fleur après fleur
                                            vase de parfums
                                               une  livrée de joie
                                            
                                                                                                En dessous et en dessus de toute chose
                                                                                                    le jardin monte vers la lumière
                                                                                                         ces choses minuscules
                                                                                                           un point d' étoile
                                                                                                            les sons  infinis d'une nuit
     Dans la chambrée voilée de pluie d'été
      un ange a renversé les cartes sur la table
           les jeux sérieux de l'enfance
             les rires mutins s'élancent encore
             le soleil roux sur l'allée bordée d'arbres
                                                                             
                                                                                                  tristesse         en corps
                                                                                           déjà entrée         dans la pointe de la mort
                                                                 
                                                                                   
                                                                    
j'étais dans ces mêmes rires
              à cette même table
                    sous l'allée bordée d'arbres
                          dans ces mêmes mots
                           je suis de ce même corps                      

                                                                                                   les rires criblés d'air
                                                                                                      la nuit criblée du son des étoiles
                                                                                                         les arbres criblés de lumière
                                                                                                              le tamis des rousseurs
                                                                                                               à peine perceptible  
                                                                                                                
                                                           un frisson d'été
                                                     dans la pointe de la vie




j'écoute le soir monter sur la croisée de la fenêtre
les lumières s'éteindre à peu à peu
le jardin disparaître 
un chaise de lune sur le ciel flou ,
je ne saurais dire ce qu'est la vie
 les choses se faisant d'elles mêmes
sans grand bruit
m'absenter
contempler le jardin disparaître dans la brume
la mer une lente soir  lève le battement des oiseaux,





















dimanche 14 juillet 2013

In spiritu  cogitum  ,  je  me vais  faire un somme
sous les vieux arbres immobiles
où rien ne remue
grandes mains blanches
ciel et mer dans le même pas
je m'alle partie et toujours venue
sur les vieilles allées l'océan funambule

Je suis allée au bord du frémissement
sur le petit chemin d'herbe
un poisson livide , agité de soubresauts,
Je l'ai remis à l'eau
sans y penser.
La rive était parfaitement déserte et muette
de tout murmure, saisie d'effroi ,
rien ne battait,
l'herbe est parfaitement verte
de toute déchirure,
le mot et le verbe sont parfaitement en paix .
Si belle que soit la terre ,
elle est là  , dans le Grand  rire .

Le Grand rire de l'herbe et de l'eau et du sentier,
la marche des prêles , cils du sable
qui ouvrent la paupière poussée sur l'oreille
sur les vieilles allées de pierre
l'araignée trapéziste de goutte en goutte de fil en fil
tisse une paupière sur mon oreille
ciel et mer dans le même pas
une motte de terre sous la plante des pieds

lundi 8 juillet 2013

La neige s'était arrêtée de tomber
les hommes dormaient la bouche ouverte
elle leur avait rempli les gorges
les bouches commençaient de geler
les sourcils buissons  raidis cassaient
la nuit était limpide et forte 
un chien errant dans la rue s'est mis à danser
vieux fou errant cassé
à danser la langue des forêts
qu'il déroulait à traits pleins à traits brisés
tremble dans la rue
errant  à danser

( Poème de Jean Richepin )

Philistins
(Poème de Jean Richepin)


Philistins, épiciers
Tandis que vous caressiez,
Vos femmes
En songeant, aux petits
Que vos grossiers appétits
Engendrent
Vous pensiez, Ils seront
Menton rasé, ventre rond
Notaires
Mais pour bien vous punir
Un jour vous voyez venir
Sur terre
Des enfants non voulus
Qui deviennent chevelus
Poètes

samedi 6 juillet 2013









 l'automne pourpré d'un long crayon de feuilles
voleté d'ailes noires au corbeau fuselé
au loin dans la vapeur blanche dentelée,
un soir tiède bleu de pure lame
sous la tonnelle baignée d'or
les  roses penchent ,
souples et doux vert cuivre aux absinthes de larmes
les arbres apaisés de silence , passade d'après midi ,
la terre est lente
les largesses du temps
la paresse du soleil sur la rivière

mercredi 3 juillet 2013

( Sokolov - Schumann Sonata n.3 op.14


                                   










                                              Un morceau de planche
                                                    un bout de toile
                                                   un coin de voile
                                                   un boutre d'étoiles
                                             dans la parenthèse du soir
                                            des miettes de sable sur l'iris

jeudi 27 juin 2013

Une taupe la lune sur son dos
maraude dans la nuit
l'ombre qu'on n'enterre pas
luit au terrier
le vent s'est arrêté à la porte
luit à la masure
pose  la lune sur le bord de l'eau
le poisson à mains nues dans le reflet saisi
à peine une ombre la mélodie
un feu qui couve




Le Chant

Les voix  chuchotées dans l'obscurité des peaux tremblantes
des dents entrechoquées dans la ferraille
des doigts où glisse le sable noir
les voix aux bras tendus piquetés d'astres
une houle de voiles
un souffle d'étoiles ,
la voix un ciel une nage murmurée de battements de langue
aussi complexe qu' elle  soit , des parfums inconnus habités de peu de mots ,
les vents que je n'ai pas toujours suivi ,
sur le chemin parfois traverse la lune bosselée de foin ,
un pied nu ,
le jasmin monte sur la branche de l'arbre,
un papillon de nuit aux pupilles agrandies entre par la fenêtre,
de grandes plaines lacustres où s'éveille la ride de l'eau
à la brise dansante d'un  oiseau

lundi 24 juin 2013

Le Chant

L'oiseau ne chante pas pour moi
ne chante pas pour toi
il chante pour sa belle
il ignore ce que nous voulons dire
il agrandit la tache rouge  de l' aube
il frôle l'eau de son bec
filet de soie
viens avec moi sentir les ailes s'ouvrir
viens avec moi
son chant respire autant qu'il nous blesse
sous les fronts de neige et de douleur
il a posé sa gorge de soleil
sa goutte simple filet de lumière
jusqu'au bout de l'ombre
file les cordes de soleil
file sur la branche les chaumes de la lune













samedi 22 juin 2013

Le printemps ouvre ses fleurs rouges
allongées de sofa blessure bleue du ciel
lourde moiteur et l'arbre presque enseveli de fleurs
qui connaît mieux la mort
que de l'avoir serti aux écrasements de couleur de midi

dimanche 9 juin 2013

lundi 27 mai 2013

Claudio Monteverdi - Hor che 'l ciel e la terra -


Trois fleurs des champs
tiges coupées à ras
à hauteur de doigts
le sang blanc qui jute dans la main
trois fleurs des champs chantent  dans la main,
la terre boit ,
la seule aventure , l'écriture ,
point et  aux lignes  la lecture .

Et ces couronnes  de ruisseau
ces couronnes rouges et blanches de rameaux
lentement prennent le cheminement de l'eau

mercredi 24 avril 2013

Les oiseaux énigmatiques

 pluie
petite pluie de six heures
bouquet de muguet
palmes vertes
 laisser couler
le son du nuage immense gris

le son du silence sur  la main
le goût de la soie la taupe la patte glisse sur ma bouche
la suée de lumière  dans la fossette d'une feuille à terre
un bain de sauterelle
un tremplin d'herbes coques de graines saute- ruisseau
échafaudage de brindilles têtes de clous girofles

s'éveille  sur les heures incertaines
le chevalet est vide
petite pluie de minuit

le coléoptère grésille sur la violette collerette du ciel ,
peut être presque quatre heure , un haut rayonnage d'arbres ,
sommeil ouvert  petites fentes , tirelires d'hirondelles,

je suis  distraite
je laisse filer une partie de la journée
sans retenir le moindre mot de celle- ci ,

l'autre partie
il y a toujours de ces  midis
un sot une sotte pour laisser fuser un trait d'esprit ,


une phrase hésite une touche sur le piano
deux touches , la phrase se répète ,
hésite encore , l'oiseau hésite ,
la phrase , une note , une autre note ,
se répète monotone ,
tâtonne , chantonne , demi ton ,
et l'improvisation l'hirondelle s'envole,
la note incertaine
presque quatre heure peut être
sommeil ouvert
petites fentes ,
tirelire d'hirondelles
improvisation
une sauterelle prend son bain
la vitesse dans la vélocité de la lenteur du chat ,
pulsations au bord de la rupture,
mais je suis déjà morte
j'ai laissé quelque chose derrière moi
peut être une clé une porte, un corps oublié
dans lequel un coeur bat au silencieux
celui qui chante parce qu'il aime,

la fenêtre est ouverte
l'océan s'est retiré au loin
les oiseaux sont partis avec ,
ce n'est plus la terre  pas l'océan ,
étrange lisière des bords
calme oeil vert sur les éclats sableux
une allée mouillée de soleil,
il se pourrait chemin faisant de l'eau ,
d' arrivée avec la pluie j'arrive avec le soleil,
nuages changeant,  pluie d'été foisonnante
les oiseaux reviennent 
devant moi et même temps,
une touche du souffle des oiseaux énigmatiques.